Presse
Jaquette Empathie

Empathie

  • magazine : Esse
  • numero : 95 - 2019
  • date : 24 janvier 2019
  • catégorie : Culture & arts

Sommaire

  • De l’empathie à la bienveillance

    Si le mot «empathie» (Einfühlung) a
    d’abord désigné la relation esthétique qu’un sujet peut entretenir avec une
    oeuvre d’art et ce qui lui permet de s’y identifier émotionnellement, son usage courant, simplifié à l’extrême, renvoie surtout à la capacité de ressen tir l’expérience
    vécue par autrui. En 2013, Barack Obama affirmait dans un discours que la société contem poraine est en déficit
    d’empathie, une affirmation maintes
    fois reprise depuis. Pourtant, rarement aton
    vu autant de prises de position collectives dénonçant des situations injustes, et qui sont vraisemblablement motivées par des élans de solidarité
    empathique (campagnes contre
    l’intimidation, mouvement #metoo,
    dénonciation de la discrimination systémique, émergence de l’antispécisme,
    etc.). Qu’en estil
    réellement ?
    Éprouvonsnous,
    dans cette société
    largement alimentée par les réseaux sociaux, un regain d’empathie ou vivonsnous
    plutôt un inquiétant excès
    d’individualisme ?

    par Sylvette Babin
  • Les yeux grands ouverts : la traduction affective dans l’art contemporain

    En ouverture de son film
    Nicht löschbares Feuer (1969), le cinéaste Harun Farocki, assis
    à une table face à la caméra,
    demande: «Comment vous
    montrer les effets du napalm ?
    Et comment vous montrer les
    blessures qu’inflige le napalm ?
    Si nous vous montrons une image de brulure au napalm,
    vous fermerez les yeux. D’abord, vous fermerez les yeux devant les images. Puis vous fermerez
    les yeux sur leur souvenir.
    Ensuite, vous fermerez les yeux devant les faits. Enfin, vous fermerez les yeux sur le contexte
    des faits. Si nous vous faisons voir une personne brulée
    au napalm, nous heurterons
    votre sensibilité. Si nous heurtons votre sensibilité, vous aurez l’impression que nous avons utilisé le napalm contre vous. Nous ne pouvons donc que vous donner une idée des effets du napalm. »

    par Westrey Page
  • De l’opacité contre les dérives de l’empathie

    C’est dans cet
    esprit qu’il insistait
    sur le droit à
    l’opacité : droit de
    chacun de garder
    son « ombre »,
    opacitas, c’est-à-dire
    des zones de
    non-connaissance
    irréductibles à
    toute tentative de
    catégorisation.

    par Mirna Boyadjian
  • L’empathie en question

    Dans les annales de l’histoire de l’art, personne sans doute
    n’inspire l’empathie moins que Pablo Picasso, qui aurait déclaré
    à Françoise Gilot : « En ce qui me concerne, les autres sont comme les petits grains de poussière qui flottent dans le soleil. Il suffit d’un coup de balai et ils disparaissent. » Pour l’artiste-rey
    du cubisme, une pomme avait autant de potentiel d’insurrection qu’un homme armé d’un fusil. Cela n’a pas empêché cette figure héroïque de la révolution formaliste européenne de donner naissance
    à une oeuvre déchirante, l’une des plus chargées d’émotion jamais créées, pour condamner l’inhumanité de l’homme envers ses semblables. Les formes fragmentées et sans couleurs de Guernica évoquent en effet une profonde affliction pour les civils
    espagnols morts sous les bombes sans visage de l’ennemi fasciste,
    le 26 avril 1937. Comment expliquer qu’un être narcissique, aussi doué soit-il, maitrise si bien le pouvoir de l’empathie, alors qu’il échappe à un autre individu pourtant bien intentionné ?

    par Jennifer Griffiths
  • L’automatisation de l’empathie

    Machine Readable Hito (2017) de Trevor Paglen se compose de centaines de photos du visage de l’artiste Hito Steyerl, qui arbore dans chacune une expression faciale différente. Chaque
    cliché est assorti d’une légende où l’on peut lire le résultat d’un algorithme de calcul destiné à détecter l’âge, le sexe et l’émotion
    du sujet. Leur typographie ressemble à celle que produisent
    certains logiciels Microsoft qui étaient autrefois regroupés sous
    le nom Projet Oxford et qui font maintenant partie de Microsoft Azure, plateforme d’apprentissage machine de l’entreprise.
    Cette plateforme propose, outre un éventail de programmes capables de reconnaitre des visages et de déterminer l’âge, le sexe et les émotions, des algorithmes de reconnaissance vocale, de traduction linguistique en temps réel et de modération de contenus – fonction servant par exemple à détecter et à
    supprimer des images et des vidéos à caractère pornographique.

    par Grant Bollmer
  • Empathie active et non-savoir dans Mother Drum de Dara Friedman

    Dara Friedman a grandi en Floride et en Allemagne, se déplaçant d’un univers à l’autre. Si le mouvement reste une constante durant son enfance, c’est aussi par le biais de la
    danse : sa tante, danseuse au sein des Ballets de Düsseldorf, l’invite aux avant-premières et l’encourage à suivre des leçons. Aujourd’hui, Friedman
    explore le corps en mouvement dans des oeuvres filmiques et vidéographiques, fruits d’une
    démarche très élaborée en ce qui a trait au choix des interprètes, à la mise en scène et au montage. Mother Drum
    (2016), installation vidéo à
    trois canaux, en est un bon
    exemple ; elle défile en boucle pendant 14 minutes sans qu’on puisse en discerner le début ou la fin.

    par Michelle Dezember
  • Victoria Lomasko

    Et le langage graphique de l'empathie

    par Annie Gérin
  • Plaisanterie de la mort plate

    L'esthétique performativiste

    par Jakub Zdebik
  • Le système, de l’intérieur et de l’extérieur : des artistes contre la prison

    Service correctionnel Canada s’occupe de 216 prisons d’un bout à l’autre du pays, dont 32 se trouvent au Québec (10 relèvent
    de l’administration
    fédérale et le reste, de l’administration
    provinciale). En 2015,
    dernière année pour
    laquelle des statistiques
    sont disponibles, on comptait 40 147 détenus adultes et 998 mineurs en placement sous garde
    – ce qui signifie, si l’on combine les systèmes fédéral et provinciaux,
    que 0,44 % de la population canadienne était alors incarcérée1.
    À l’échelle nationale, le Québec arrive en deuxième position pour le nombre d’adultes
    confiés aux services
    correctionnels.

    par Amber Berson
  • ATSA quand l’art tend la main

    À l’ère de la connexion permanente, de la réalité virtuelle et de la technologisation des relations qui les accompagne, l’humain est de plus en plus confronté au paradoxe d’un être-ensemble déshumanisé et solitaire. L’engagement politique
    et social ne se traduit plus par une prise de parole solidaire sur la place publique, mais à coup de « j’aime » sur ces interfaces relationnelles qui font désormais office de réceptacles des sociabilités 2.0. On a troqué les contacts humains de chair et de sang contre une empathie artificielle
    difficilement conciliable avec la réalité des moins nantis qui, faute de moyens, doivent toujours compter sur la présence bien tangible d’une main tendue et d’un sourire bienveillant pour affronter la dure réalité.

    par Anne-Marie Dubois
  • Emily Promise Allison

    Dream Sequence

    par Maeve Hanna
  • Anri Sala

    If and Only If

    par Nathalie Desmet
  • Amy Sillman

    Landline

    par Emily Labarge
  • Agnieszka Polska

    The Demon’s Brain

    par Anaïs Castro
  • Allison Katz

    Diary w/o Dates

    par Daniella Sanader

A propos du magazine

Esse
Esse ESSE arts + opinions s’intéresse aux diverses pratiques disciplinaires et interdisciplinaires (arts visuels, performance, vidéo et cinéma d’auteur, musique et danse actuelles, théâtre expérimental, etc.) et à toutes formes d’interventions à caractère social, in situ ou performatif. La revue Esse privilégie les analyses qui abordent l’art en relation avec le contexte (géographique, social, politique ou économique) dans lequel il s’inscrit, les pratiques relationnelles, les œuvres engagées, les manifestations hors les murs. esse soutient aussi les discours d’artistes et d’auteurs qui prennent en compte les créations expérimentales ou risquées, remettant en question les valeurs dominantes. La revue se démarque par son engagement et sa volonté à tisser des liens entre la pratique artistique et son analyse. esse est présent au canada et en Europe.

Dans la même catégorie