Presse
Jaquette Fuir

Fuir

  • magazine : Dissonances
  • numero : 33 - novembre 2017
  • date : 23 novembre 2017
  • catégorie : Culture & arts

Sommaire

  • ÉDITO

    "La fuite originelle, la bonde arrachée d’un coup et la matrice qui lâche, une dépression, la première déjà, insupportable et nécessaire, pas la dernière. Des barreaux tout autour de ton lit, des tentatives d’évasion et des chutes. Puis ça ressemble à l’adolescence. Tu cours avec les poumons en bandoulière, dans..."

    par Alban Lécuyer
  • Six mois de détention pour deux délits de fuite

    "(désert)
    Une longue plaine aride,
    des cailloux blancs, un panneau :
    « à chaque pas en avant, autant de coups seront portés »
    la nuque brûlante et rouge,
    la main qui passe sur les perles de sueur,
    le chapeau rond qui tourne,
    la voiture verte rouillée aux..."

    par Pierre ANDREANI
  • Réglement intérieur

    "Inhabité d’une existence nouvelle, l’épuration commence. / Le réceptacle, déterminant de lui-même son inaptitude à la réalisation de son destin biologique, engage le processus d’assainissement. / Ce qui fut voué à un autre s’annule, s’abîme, se libère, se répand enfin. / Programmation non informatisée, imputable aux seules règles naturelles, véritable cerveau invisible, puissance..."

    par Alice AZZARELLI
  • La différence

    "Tu montes dans des trains bourrés de bureaucrates / En costume cravate caissons blindés / Qui se laissent bercer comme toi par l’ignorance de la vitesse / Tu mets des écluses des échangeurs des bornes kilométriques à ton compteur / Tu t’engouffres dans des ports, des zones d’ombres et de chaos / Tu chevauches avec des brigands, tu t’ébroues dans le galop / Ébouriffant ; et tu..."

    par Catherine BARSICS
  • S’évader encore

    "bras, yeux perdus, gisant, j’ai tant fui, couché, j’aurais définitivement voulu une mort verticale, la fulgurance plutôt que cette lenteur qui ramène ses images, ce sépia d’une vie rouillée - kif // sur la plage de Tanger / jusqu’à faire péter la tête / scansion des falaises qui tournent, de la pipe / scansion de la fumée telle une scolopendre / kif // en compagnie de..."

    par Jean-Christophe BELLEVEAUX 
  • Rouvrez les déroutes

    "– Cela commence par la mort et cela finit de même. / – Oui, mais entre-temps, la vie triomphe. / (…), alors je me suis tiré sans coup férir. / Simplement. / Les jambes pendues au cou, le cœur hors de poitrine et les poumons raclant la terre. / De la bave sur le béton (la nôtre) / de la sueur sur le corps (le mien). / Mon haleine se ramassait dans la nuit, / – noires toutes deux. / (Il y a un..."

    par Rachel BOROWCZAK
  • Ceux qui restent

    "Elle ne dit rien. Le regarde s’activer dans la chambre. Vider le tiroir, son étagère, la penderie. J’aurai plus de place pour mes affaires, songe-t-elle. Remplir les deux valises. Deux valises : une à chaque main. Et un petit sac à dos. Elle le regarde. La façon dont il étale ses chemises sur le lit, rabat les manches, plie. Ce n’est pas ainsi que l’on plie les chemises. Elle voudrait lui..."

    par Benoit CAMUS
  • Séduc’tif

    "- Et voilà ! s'exclama Mme Génin, la coiffeuse, en orientant le miroir de manière à ce qu'Antoine puisse se regarder entièrement. J'ai bien dégagé le front et les oreilles, s'extasia la coiffeuse. C'est très réussi ! / Antoine n'entendait déjà plus. Tout ce qu'il voyait, c'était deux oreilles de chou énormes, un front blême et son sourire niaiseux sur une dentition imparfaite. Une horreur. Il..."

    par Corinne CHERIFI
  • Evitement (stratégies d’)

    "Je t'aperçois soudain. Tu es pourtant encore loin (tu sors de cet immeuble à une centaine de mètres sur ce trottoir où grouille (tourbillonne, s'éparpille) une centaine de gens) mais à peine apparu au bout de cette foule tu m'as sauté aux yeux et je t'ai reconnu. Toi tu ne m'as pas vu : tu es tout à tes pensées tout en les évitant (je te connais par cœur : tu es comme ça tout le..."

    par Jean CLEMENCI
  • Une fille à marier

    "Honk se réveille avec une sérieuse gueule de bois. Il a joué aux dés une bonne partie de la nuit avec des types qu'il ne connaissait pas. L’un d’eux avait amené plusieurs bouteille d’un alcool plutôt correct, sûrement volées quelque part. Des filles sont passées. Ils se sont battus pour elles - sa mâchoire est douloureuse et sa pommette droite est entaillée - mais il a eu le dessus : l'odeur..."

    par Thierry COVOLO
  • Blason

    "Quand vous serez bien vieille, au soir, à la chandelle,
    Vous vous ferez dessus. Moi je ne serai plus
    Que souvenirs furtifs, pâlichons et perclus,
    Passant en courants d'air dedans votre cervelle

    Mais on s'en fout au fond : ce qui compte, ma belle,
    Ce sont vos flux actuels, délicieux petits..."

    par Clément DESPAS
  • La fugue

    "Petit matin blême
    Table de la cuisine
    Famille autour
    Nous n'irons pas au phare aujourd'hui
    Dit la mère de son air le plus sévère
    Mais vous aviez promis dit..."

    par Marianne DESROZIERS
  • Une échappée

    "Debout sur la terre craquelée, cinq arbres dressent leurs silhouettes obliques. Penchés en avant, ils semblent fuir, à bout de vitesse et de frayeur. Leur écorce tortueuse paraît figée dans l’élan d’une course éperdue, décisive. / L’impulsion se lit dans les contours de leurs troncs, dans la posture de leurs branches. Immobiles sur la lame de l’horizon, ils sont comme les..."

    par Eva DÉZULIER
  • Du haut de la falaise de Plaisance

    "Je me réveille mais n’ouvre pas les yeux. Je sens que je suis allongée sur un lit, nue, qu’aucun drap ne me recouvre. Je laisse mes mains et mes pieds glisser, explorer le drap dont je sens les plis, chaque pli. Mon sommeil a été agité. Il fait chaud, humide. Un souffle caresse mes pieds, un souffle chaud et lourd qui vient de ma droite. L’odeur de la mer. Le bruit des vagues. Là, à ma droite..."

    par Alexandra ESTIOT
  • Issues

    "Ça a claqué sur le sol comme un coup de fouet, en pleine nuit. C’est comme ça que ça s’écroule. Ça ne choisit pas son moment. Ça arrive comme ça, n’importe quand, même la nuit. / On avait tenu contre tout, contre la menace, les autres, la peur et l’isolement, toutes les intempéries de ce temps maudit. C’était aux autres que ça arrivait au début. Nous, on fabriquait des bouts de..."

    par Elodie GILLIBERT
  • Disrupt

    "Tu ne vas plus marcher la nuit pauvre conne comment veux-tu écrire encore sans retourner marcher la nuit sans le bâton et sans la route - et cesse donc de te gratter, comment veux-tu que je supporte ce corps minuscule endormi cette âme bradée si on ne marche plus la nuit si on ne gueule plus à la lune d’aller se pendre ailleurs avec son air réprobateur comment veux-tu, si tu ne t’..."

    par Ingrid S. KIM 
  • Barbara

    "La fille de l’air titille tes pieds et tu vas faire un trou à la nuit. Tes chaussures sont prêtes, polies cirées, complices des adjas qu’il te faut mettre, pour disparaître souvent. Les voiles hurlent aux amarres larguées : tous ces cordages, comme ils encombrent ! Tu ne restes pas en place, ta case assignée, bien propre bien rangée, avec des gosses et une blanquette, tu l’as taguée à la..."

    par Thomas LACOMME
  • Talon-Aiguille

    "Tic-tac fait la Trotteuse
    Sur ses aiguilles talons
    Nul mac ni rabatteuse
    Du trottoir tout le long

    L'Asphalteuse n'a de cesse
    De semer à la..."

    par Arnaud LECONTE
  • 1979

    "L’image de l’auto qui devait nous emporter me sembla soudain trop pitoyable. Ces gens se tenaient debout dans l’habitacle d’une vieille carcasse et je me demandais pourquoi ils ne pouvaient pas passer les pieds à travers le bas de caisse afin de paraître plus ridicules encore. Cette forme grossière de soucoupe volante en plein jour devait s’appliquer à nous ramener au bercail. Cette..."

    par Patrice Maltaverne
  • Laque rouge

    "Elle a éprouvé les quatre murs et
    La laque rouge des meubles
    Dans son bégaiement têtu

    Fatiguée entière posée sur la table
    Vite repartie vers la lumière
    Transparence ni issue ni..."

    par Nathalie PALAYRET 
  • Tirons-nous

    "C’est le boxon dans la pièce y a un lit à gauche, on a mal fixé les trucs en bois qui coulissent ça couine à chaque mouvement les piles de draps atténuent le roulis, j’ai le corps tortillé de vieux vêtements la cravate béé au cou comme une corde à pendre, et j’y passerais en serrant le noeud bien fort. / Tirons-nous. / J’écris pour gagner du temps - bourrine un sac file, balance tes..."

    par François PERETTI
  • L’exil d’Arik

    "… Il fait ténèbres, ici. / Seuls quelques phosphènes, aussi ténus qu'une aube arctique, en brisent parfois l'obscur voile de leurs impromptus spiroïdaux. Depuis combien de temps suis-je donc ainsi, à la fois errant et perclus sur moi-même ? Dix ans ? Dix siècles ? Je ne saurais le dire. J'ai tellement pris l'habitude de l'inespoir... Et ce d'autant plus que... / Il fait douleur, ici. / Pas..."

    par Bruno POCHESCI
  • Au bout de la dune

    "Et à partir de là
    Épuisés de marcher parmi les crabes
    Nos espoirs écoulés dans le sablier
    Passé le campement des fidèles que nous ne sauverons pas
    À partir de là seulement il nous reste à fuir
    Leur souvenir rassérénant en..."

    par Thomas Pourchayre
  • Rex ex nihilo

    "Au crépitement du tungstène sous le pas des antilopes, quand viendra le temps du roucou sous l’angle occipital, vous atteindrez la valeur asymptotique de l’impact corpusculaire. L’emprunte étoilée de ce premier pas vous ouvrira des espaces tangibles où vous prendrez conscience de l’autre versant : adret des nuits, ubac des jours… Loin de vous enfoncer horizontalement au travers des..."

    par Jérôme RAGOT
  • Echappatoires

    "Et ce désir de fuite ne t’avait mené qu’à une chambre d’hôtel de Moscou / où tu t’attendais presque à retrouver le dernier poème d’Essessine, laissé dans la chambre d’hôtel où il s’était suicidé, écrit avec son propre sang / "Au revoir, mon ami, sans geste, sans mot, / Ne sois ni triste, ni en chagrin. / Mourir en cette vie n’est pas nouveau, / Mais vivre, bien sûr n’y est pas plus..."

    par Raphaël SARLIN-JOLY
  • Boucle d’Or

    "Une main tourne la poignée. Plan fixe : « C’est là qu’elle a vécu ». Une pile d’objets bancale. Dinette. Peluches borgnes. Un peu d’enfance inhumaine (parmi des ours ?). La caméra à l’épaule répète des postures et des gestes maintenant sans corps : boire manger dormir. L’œil trace à vide des boucles – les contours une gamine soudain abstraite : ça tourne. / C’est peut-être dû à..."

    par Samuel SCURI
  • Exercice

    "Dehors le vent réinvente un roseau

    J’écris le verbe fuir
    À la..."

    par Julien TRANSY
  • Se fuir, laisse venir

    " l

    e
    s
    p
    a

    c..."

    par Dominique WEBER
  • DISSECTION : questions à Denis PÉAN

    "Écrivez-vous plutôt pour ou contre, dans ou hors, malgré ou à propos de ?
    Ma poésie fait feu de tout bois ; comme le dit Hannah Arendt dans une éloquente entrevue : l'esprit humain a plus besoin de cohérence que de vérité, quitte à épouser une cohérence néfaste ou absurde. Je me régale avec l'incohérence et la fusion des..."

    par Denis PÉAN
  • DISSIDENCES (8 coups-de-cœur de lecture)

    Nicole & Éric CALIGARIS : LES SAMOTHRACES - éd. Le Nouvel Attila
    Manuel DAULL : TOUTE UNE VIE BIEN VERTICALE - éd. L'Atelier contemporain
    Sebastian DICENAIRE : DERNIÈRES NOUVELLES DE L’AVENIR - éd. Atelier de l'Agneau
    Hubert HADDAD : MẴ - éd. Zulma
    Noël HERPE : DISSIMULONS ! - éd. Plein Jour
    Hans LIMON : FRÈRES INHUMAINS - éd.EVIDENCE
    Nelly MAUREL : FATIGUER LA REPONSE REPOSER LA QUESTION - éd. Héros-Limite
    Emmanuel RÉGNIEZ : NOTRE CHÂTEAU - éd. Le Tripode

    par Christophe ESNAULT / Tristan FELIX / Jean-Marc FLAPP / Isabelle GUILLOTEAU / Alban LECUYER / Romain PARIS / Anne VIVIER / Sophie WESTENDORP
  • DISJONCTION (regards croisés) : “Le Paradis entre les jambes” (Nicole CALIGARIS)

    "Comment se construit-on à l’ombre de quelque chose que l’on a en partie oublié, faute de l’avoir tout à fait vécu ? 38 ans après le W de Perec, Nicole Caligaris raconte comment le souvenir opaque de sa rencontre avec Issei Sagawa a façonné sa carrière d’écrivain. Mélangeant autobiographie et essai là où Perec mêlait fiction et souvenirs tortueux, elle se saisit de « ce fait divers dans..."

    par Jean-Marc FLAPP / Côme FREDAIGUE / Anne MONTEIL-BAUER / Julie PROUST-TANGUY
  • DISGRESSION : “Tu connais Lo’Jo ?” (Alain GABET)

    "La chanson « Bonjour ignorance » fut ma porte d’entrée dans le monde de Lo’Jo un après-midi de 2007. J’étais à la recherche de nouvelles musiques après une longue période d’exploration des univers classiques et je tamisais des gigaoctets de pacotilles diverses. France 5 diffusait alors des petites vidéos enregistrées live dans l’émission « Studio 5 ». Dans une de celles-ci..."

    par Alain GABET

A propos du magazine

Dissonances
Dissonances DISSONANCES est une revue de création littéraire thématique engagée dans la découverte et la promotion de la jeune littérature francophone sous toutes ses formes. Elle veut présenter pour chaque thème un maximum de formes, de points de vue, d’ambiances et d'écritures. Les textes reçus sont tous anonymés (y compris ceux des animateurs de la revue) avant d’être proposés au comité de lecture : connus et inconnus, proches ou pas, tous les auteurs intéressés peuvent donc tenter à égalité de chance de s’y faire publier. La revue Dissonances est illustrée d’œuvres inédites : carte blanche à un seul artiste pour chaque numéro.

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