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Jaquette Justice 69

Justice 69

  • magazine : Le Crapouillot
  • numero : 6 - 1969
  • date : 01 avril 1969
  • catégorie : Culture & arts

Sommaire

  • La semaine rouge de Cestas

    C'est le mardi 11 février, un peu avant midi. que le drame va devenir tragédie. Car jusqu'à ce jour, jusqu'à cette heure, ce n'est encore qu'une affaire banale, celle d'un homme cocu. battu et pas content. Il s'appelle André Fourquet. Il a 38 ans, des cheveux noirs, des yeux brillants, un peu trop peut-être, une fine moustache soigneusement coupée. De taille moyenne, mince, nerveux, il y a en lui du garde-chasse et de l'ancien sous- off'. En réalité il est chauffeur de bulldozer à Mérignac.

    par François Brigneau
  • L’injustice rend fou

    Tout le monde est d'accord : les gendarmes, le maire, le curé, les voisins, les commerçants, tous ceux qui l'ont connu : Fourquet était un honnête homme, il adorait ses enfants et ses enfants l'adoraient... Et pourtant, ces enfants qu'il adorait, il les a tués et non seulement il les a tués, mais il a en outre bousillé un gendarme avant de se flanquer une balle dans le corps ...

    par Henri Jeanson
  • La machine judiciaire

    Moquée, méconnue, contestée, ridiculisée, redoutée, révérée, la Justice s'est enfermée dans un paradoxe absurde. Les gens de justice sont-ils gens de cirques, à la fois clowns et acrobates, ou bien grands-prêtres et même un peu sorciers ? Cirque ou temple, le Palais de Justice demeure en tous les cas un labyrinthe dont les Français ne connaissent pas les dédales.

    par Jean-Marc Varaut
  • Messieurs les Magistrats

    Le plus joli mot de l'année est sans doute celui qu'a prononcé récemment un magistrat. C'était à Nantes devant la Cour d'Assises. On jugeait une femme, mère de famille nombreuse, qui dans une crise de dépression avait tué l'un de ses enfants alors que selon tous les témoignages elle les aimait tendrement et les élevait avec dévouement. Mais la petite victime était venue alors que la situation du ménage était difficile et pour l'accusée cette bouche supplémentaire arrachait la nourriture des autres.

    par Jean Laborde
  • Vous qui nous jugez

    Ou est le bien, où est le mal ? Dans Dostoiewski, le problème reste posé. Les juges le résolvent tous les jours sauf dimanche et fêtes. Le fait de juger donne à rêver. Que ce soit un métier donne à penser. Il y aurait donc des êtres assez sûrs de leur conscience, de leur science, de leur goût, pour juger les autres ? Ici le huron m'interrompt - qui est présent d'un bout à l'autre de notre littérature, tantôt huron, tantôt iroquois, à la rigueur persan ou vigneron tourangeau - et ce huron demande avec admiration, respect, d'où nous tirons ces arbitres infaillibles : sont-ils d'une caste que les siècles ont mûrie, ou les a-t-on, dès l'enfance, préparés à exercer ce pouvoir discriminateur ? Ou les choisit-on, au contraire, parmi des sages qu'une longue vie exemplaire désigne sans conteste ?

    par Jacques Laurent
  • Le “coup de pouce” dans les affaires d’assises

    Un dimanche du mois de novembre de l'année 54, neuf hommes du département des Basses-Alpes qu'accompagnaient trois magistrats, pénétraient dans la salle du Conseil du Tribunal de Digne pour y juger l'étrange vieillard qu'ils avaient eu devant les yeux pendant trois semaines. Après trois heures et demie de délibérations, les neuf hommes reprenaient leurs places dans la salle d'assises. Ils avaient répondu : Oui, à la majorité (le mot « unanimité » est banni du vocabulaire judiciaire). Le vieux Gaston Dominici venait d'être condamné à mort.

    par Marcel Montarron
  • La Ve et sa justice

    Le Gouvernement Provisoire de la République Française, la IVe République, sa fille reniée, et la Ve, ont été marqués par le scandale de la justice. Ces trois régimes étaient revêtus de la forme la plus remarquable de l'injustice : le mensonge. Le Gouvernement Provisoire et la IVe étaient nés du prétendu crime d'armistice et de la prétendue trahison de Pétain, la Ve de la volonté de garder l'Algérie française. Soit dans la vue de consacrer le mensonge en étouffant la vérité par la mort et la geôle, soit dans la vue de réprimer la révolte contre l'imposture, ces régimes - la IVe à son commencement - organisèrent sciemment la torture de la justice.

    par Jacques Isorni
  • Etat de Justice ou Etat de Police

    On distingue traditionnellement l'Etat de Justice qui repose sur le respect des droits fondamentaux de l'individu et l'Etat de Police où chaque sujet se trouve soumis à la raison d'Etat. Il paraît qu'en France notre système économique se situe à mi-chemin entre le libéralisme et le collectivisme. Certains esprits malveillants se demandent si notre régime ne serait pas lui aussi à mi-chemin entre l'Etat de Justice et l'Etat de Police.

    par Richard Dupuy

A propos du magazine

Le Crapouillot
Le Crapouillot LE CRAPOUILLOT a été créé en 1915 par Jean Galtier-Boissière, il est alors le premier journal des tranchées. Son but étant de soutenir les soldats français présents sur le Front, tout en les informant des avancées du combat, non sans une certaine ironie. La guerre terminée, le journal ne cesse néanmoins pas d'exister mais est alors considéré comme une revue culturelle et littéraire. Plusieurs auteurs de l'avant-garde y signent des articles tels que Gus Bofa ou Francis Deloisi. Très polémique car très crue dans le ton employé dans ses critiques, la revue devient alors une référence dans l'univers du spectacle. A partir des années 30, les publications deviennent plus ponctuelles et les numéros traitent de thématiques bien spécifiques assez proches de la guerre et de la politique.

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