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Jaquette La torture

La torture

  • magazine : Le Crapouillot
  • numero : 83 - 1985
  • date : 01 septembre 1985
  • catégorie : Culture & arts

Sommaire

  • Algérie : à la recherche de la torture propre

    E 18 avril 1985, le juge Cabié, président de la XVII' Chambre correctionnelle, rendait un jugement surprenant. Il déboutait Jean-Marie Le Pen, président du Front national, de l'action que celui-ci avait engagée contre « Le Canard enchaîné » qui l'avait accusé d'avoir pratiqué personnellement la torture, lorsqu'il était lieutenant au I" Régiment étranger parachutiste, en Algérie. En matière de presse, la loi veut que ce soit le diffamateur qui fasse la preuve de ce qu'il a écrit et non le diffamé qui apporte celle de son innocence. « Le Canard enchaîné » avait été incapable de présenter à la Cour le moindre élément qui puisse confirmer ses dires .

    par Jean-Claude Goudeau
  • La torture à l’antique

    Les historiens ont bien souvent décrit les supplices infligés aux hérétiques par les juges catholiques au cours du Moyen Age. Mais ils se sont moins attachés à rappeler les tortures infligées aux premiers chrétiens par les empereurs idolâtres. Ceux-ci ne faisaient qu'hériter, il est vrai, d'une longue et riche tradition , née dans la barbarie et développée durant toute l'antiquité.

    par Romi
  • Ce Moyen-Âge fut sans pitié

    Dans l'histoire des supplices et des tortures, la période médiévale occupe une position charnière. Ni pire ni moindre dans l'horreur, elle se singularise par sa durée. Alors que, dans l 'Antiquité, la torture était pratiquée de manière épisodique et que, dans les temps modernes, elle surgit par grandes vagues, terribles mais passagères (la barbarie nazie n'a pas duré dix ans, les crimes des guerres balkaniques ont été regroupés sur moins de quatre ans), la torture du Moyen Age sera constante dix siècles durant. Mille années d'atrocités pendant lesquelles nos lointains aïeux, s'ils n' ont rien inventé à proprement parler de bien nouveau, se sont pourtant ingéniés - non sans un certain succès - à raffiner et à perfectionner dans l'atroce les différents supplices imaginés par les générations précédentes.

    par Maurice Bornier
  • L’inquisition ou le salut à petits feux

    A la suite de la croisade contre les Albigeois qui s'ouvre par la bataille de Muret, en 1213 , des hérétiques et des juifs du Languedoc et du Roussillon fuient les persécutions. Ils traversent les Pyrénées, cherchent refuge en Espagne. La tolérance règne à cette époque en ce pays encore profondément marqué par l'influence musulmane. Chrétiens, juifs, musulmans vivent en paix. Certes, celle-ci est parfois troublée par une brusque explosion de violence qui lance un instant une communauté contre une autre. Les raisons de ces heurts sont essentiellement économiques et non raciales ou religieuses. En ce début du Xlll' siècle, les communautés vivent côte à côte, s'ignorant souvent, mais ne se déchirent pas.

    par Georges Boisrateau
  • La question ne sera plus posée

    ECLARE par les légistes « souverain par-dessus tout»
    et reconnu par les théologiens comme « lieutenant de
    Dieu sur la Terre », Louis XIV est nécessairement
    « source de toute justice ».
    Mais, depuis le temps où Saint Louis rendait lui-même la
    justice sous son chêne, la machine judiciaire s'est compliquée,
    est devenue monstrueuse : le Parlement de Paris couvre, à lui
    seul, plus d'un tiers du royaume - toutefois douze Parlements
    provinciaux veulent qu'on entende leur voix ; l'ensemble du

    temt01re est soumis à une multitude de tribunaux aux
    attributions imprécises ; le midi de la France vit sous le droit
    romain, le nord sous ses divers droits coutumiers ; il n'existe
    aucun code pour coordonner et unifier la « doctrine » et, bien
    après la mort de Louis XIV , Voltaire pourra faire remarquer
    narquoisement qu' « en changeant de chevaux de poste, on
    change de lois ».

    par André Soubiran
  • Le roman des supplices

    La torture et le supplice furent dénoncés par La Bruyère comme « une invention sûre pour perdre un innocent à la complexion faible et délicate et sauver un coupable né robuste » . Diderot, très pragmatique, estimait qu' « indépendamment de la voix de /'humanité, la « question » ne remplit pas le but auquel elle est destinée puisqu'elle parvient à faire avouer des fautes qui n'ont jamais été commises » . Voltaire quant à lui fait exception parmi les hommes de lettres du XVIII' siècle. li rompt le si lence qui entoure le sujet et l'introduit dans les premières pages d'une oeuvre de critique sociale pleine d'impertinence et d'ironie dont le héros est passé à la postérité. Candide, «engagé » dans l'armée du roi des Bulgares, se trouve rapidement enfermé dans un cachot.

    par François Faverolles
  • Les savants fous de Hitler

    Dachau est le premier des grands camps de concentration que se donne l'Allemagne nazie. li est inauguré le 22 mars 1933 et la presse national-socialiste rapporte l'événement. Le 25 janvier 1938 un décret précise que «la
    police secrète d'Etat peut recourir à l' arrestation préventive, comme mesure de coercition contre les personnes qui, par leur comportement, mettent en danger la stabilité et la sécurité du peuple et de l'Etat ». Le régime qui traque ses ennemis que sont les Junkers , les communistes, les hommes d'Eglise, les juifs, et s'en débarrasse en les internant, utilise le système de la« terreur préventive »pour dissuader toute tentative d'opposition organisée.

    par Jean-Claude Lauret
  • Les baignoires du 101, avenue Henri-Martin

    Rompant le pacte germano-soviétique, l'Allemagne attaque par surprise, le 22 juin 1941, l'URSS. Les communistes français entrent dans la Résistance . La
    guerre est désormais totale et ils passent à l'action directe. Le 21 août , Pierre Georges , dit Fabien, abat de deux coups de feu l'aspirant Moser à la station Barbès. Pour la première fois, un officier allemand tombe victime d'un attentat. D'autres actions ponctuelles sont menées. Les autorités allemandes
    entrent dans le cycle de la répression . Des otages sont fusillés. Avec régularité , des affiches annoncent l'exécution des victimes expiatoires des « crimes » commis par les « terroristes ».

    par Julien Tonnet
  • ... Et le chalumeau de l’institut dentaire

    Tandis que les Allemands négocient avec les forces alliées leur reddition , les FFI et les FTP commencent à traquer les collaborateurs, les miliciens, tous ceux qui furent les complices des Allemands. La chasse aux traîtres est ouverte.

    par Jean-Claude Lauret
  • Mes cauchemars en jaune

    Seuls les vieux étaient restés dans le village, ainsi qu'une gamine d'une dizaine d'années que l'on entendait hurler dans sa paillote. L'infirmier de notre unité était déjà auprès d'elle, essayant de calmer sa souffrance par une piqûre de morphine. Les paysans racontèrent comment les gouvernementaux étaient entrés, la veille, dans le hameau pour réclamer de la nourriture. N'ayant pas eu satisfaction assez vite, ils avaient pillé le village, exécutant sommairement quelques-uns de ses habitants. La petite fille, atteinte par une rafale, avait eu
    la jambe droite brisée. On l'avait ensuite violée, sodomisée et excisée au couteau commando ... pour le plaisir. Les vieillards se lamentaient, la fillette allait mourir, et les maquisards étaient devenus comme fous.

    par Marc Charuel
  • L’as-tu vue la crapaudine du père Bugeaud

    Le célèbre général Bugeaud, gouverneur de l'Algérie en 1841 , promu maréchal en 1843, institua, à côté de la Légion étrangère et des bataillons d' Infanterie légère d'Afrique, une compagnie de discipline destinée à dresser les
    «fortes têtes ·» des bataillons d'Afrique. Au nom de la discipline, le « Père de !'armée d'Afrique » encouragea la mise au point de quelques châtiments exemplaires aux noms particulièrement significatifs comme la pelote appelée aussi le bal; le tombeau, la cellule avec les fers, la crapaudine , le camisard ou encore le silo. Une impressionnante série de supplices atroces qui pendant plus d'un siècle provoqueront l'indignation générale.

    par Romi
  • Marx ou crève

    Octobre 1917. Les bolcheviks sont persuadés du triomphe de la Révolution. Dans l'euphorie de la victoire, Lénine, qui se réfère volontiers à la Révolution française, déclare : « Nous n'employons pas le genre de terreur qu'utiliseront les révolutionnaires français qui guillotinent des gens sans défense et j'espère que nous ne le ferons pas, parce que nous avons la force avec nous ». Lénine,
    conscient des menées contre-révolutionnaires, propose, le 7 décembre 1917, au conseil des commissaires du peuple , la création d'une police secrète chargée de réprimer les délits politiques et devant lutter contre les sabotages. La Tchéka est née. Félix Dzerjinski la commande.

    par Jean-Claude Lauret
  • Khmers rouges: le grand bond en enfer

    Du 17avril 1975 jusqu'à la fin de l'année 1978,pendant 3 ans et 8 mois, les Khmers rouges ont régné sur le Cambodge en maîtres absolus. Pendant toute cette période - une éternité pour ceux qui l'ont vécue - ils ont infligé un véritable martyre au peuple cambodgien. Ce long martyre a coûté à ce malheureux peuple au moins 2 millions de victimes, si l'on s'en tient au chiffre le plus généralement admis. Ce fut un génocide, ou plutôt un auto-génocide puisque ce sont leurs propres compatriotes que les Khmers rouges exterminèrent systématiquement.

    par Bernard Hamel
  • Le marché noir de la cruauté

    Depuis leur indépendance, les pays d'Afrique souffrent d'instabilité chronique. La violence, la misère, la famine sévissent presque partout et les gouvernements se succèdent. Depuis 1960 le continent a connu plus d'une soixantaine de coups d'Etat. Les moeurs violentes ne sont pas l'apanage d'une ethnie, d'une région ou d'un système politique, bien que le « socialisme scientifique », et ses partis uniques, puisse se voir attribuer un grand nombre de victimes, notamment depuis 1975. Les rivalités tribales ou ethniques sont responsables d'un multitude de troubles et de massacres, sans être pour autant la cause de tous les maux. La torture et l'assassinat préexistaient à l'indépendance. La colonisation et la décolonisation ont connu leurs horreurs.

    par Philippe Giraud

A propos du magazine

Le Crapouillot
Le Crapouillot LE CRAPOUILLOT a été créé en 1915 par Jean Galtier-Boissière, il est alors le premier journal des tranchées. Son but étant de soutenir les soldats français présents sur le Front, tout en les informant des avancées du combat, non sans une certaine ironie. La guerre terminée, le journal ne cesse néanmoins pas d'exister mais est alors considéré comme une revue culturelle et littéraire. Plusieurs auteurs de l'avant-garde y signent des articles tels que Gus Bofa ou Francis Deloisi. Très polémique car très crue dans le ton employé dans ses critiques, la revue devient alors une référence dans l'univers du spectacle. A partir des années 30, les publications deviennent plus ponctuelles et les numéros traitent de thématiques bien spécifiques assez proches de la guerre et de la politique.

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