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Jaquette Les antis

Les antis

  • magazine : Le Crapouillot
  • numero : 96 - novembre 1987
  • date : 01 novembre 1987
  • catégorie : Culture & arts

Sommaire

  • Pour tout ce qui est contre... contre tout ce qui est pour ... et réciproquement

    On pourrait parfaitement écrire /'histoire en ne disant pas un mot de ceux qui agissent, des cités
    bâties, des traités signés, et en ne s'en tenant qu'aux opposants, aux rétifs, aux déserteurs de l'événement. Il faudrait y ajouter les régicides, les directeurs de journaux satiriques, les ligueurs, comploteurs et cagoulards, et la plupart des gens de lettres, surtout ceux qui n'ont pas reçu de prix. On aurait ainsi une légende des siècles uniquement composée de refus, d'imprécations, de pétitions et d'anathèmes. Ce serait une histoire partiale, mais pas forcément moins véridique que l'autre.

    par Yannick Bourdoiseau
  • Plutôt bêtes que méchants

    Les " anti » ayant eu bien d'autres chats à fouetter, ils ne se sont que tardivement mobilisés contre
    les tortionnaires d'animaux. Lo vague prit son essor en même temps que la doctrine végétarienne,
    dont l'initiateur portait d'ailleurs un nom prédestiné, M. Lamb (agneau). Lo cruauté ayant mille
    visages, la défense des bébêtes éclate en lutte anti-chasse QI courre, anti-chasse tout court,
    anti-corridas, etc. En s~ penchant sur le sort assez atroce des bébés phoques, Brigitte Bardot a même réussi à bouleverser l'image traditionnelle de la vieil!e fille sauveteuse de chats ...

  • La belle époque des antis-juifs

    La Belle époque connaissant une absolue liberté d'expression, on ne s'étonnera pas de trouver parmi ces documents relatifs à l' "affaire" (Dreyfus), de petits monuments d'abjection. Qu'ils chassent le "youpin" ou le "youtre", les anti-juifs font preuve d'une totale absence de complexes. A preuve, l'affiche électorale du délicat dessinateur Willette, directeur du "Pierrot".

  • Famille je vous aime

    La princesse Palatine préférait commencer cent enfants plutôt que d'en achever un seul. Tout le
    problème des natalistes consiste à convaincre des gens qui s'entassent dans le métro qu'ils ne sont pas assez: nombreux. Leur propagande eut certainement des effets, puisque la jeunesse de l'après·guerre se jeta avec ardeur dans la fabrication de petits Français... qui succombèrent, eux, à la propagande anticonceptionnelle. Les techniques modernes mettront-elles un terme à la grève des berceaux ? « Bébés éprouvette » et « mères porteuses » ont déjà leurs partisans et leurs « anti ».

  • Les “anti” de la sociale

    «Tout pour les uns, rien pour les autres ! »C'est sur ce constat indigné que l'armée des prolétaires
    s'est mise en marche. Les prophètes du Grand Soir ont dénoncé, indifféremment, le patron exploiteur, le proprio abusif, et la dictature des ronds-de-cuir. En marge du mouvement anarchiste, mais y participant grâce à l'irascible « Père Peinard », la grogne des damnés de la terre a quelque peu erré, politiquement. Récupérée un moment par les mouvements populistes de !'Occupation, elle inspire aujourd'hui - mais bien plus sagement - les revendications syndicales, et, sur l'autre bord, ceux qui dénoncent dans les syndicats les défenseurs de la « privilégiature ».

  • La veuve au rancart

    « Que messieurs les assassins commencent ! » répondit un jour un anti-abolitionniste à un adversaire du rasoir républicain. On sait que Me Badinter aura finalement raison de la « Veuve ». On dit même qu'il en conservera le couperet démobilisé dans son bureau de la place Vendôme. Toujours est-il que l'ombre de la machine indûment attribuée au docteur Guillotin plane encore sur la mémoire collective. Ce qui incite de petits malins à commercialiser de mini-répliques des bois de justice. L'argent n'a pas d'odeur - pas même celle du sang frais...

  • Trente ans contre de Gaulle

    Il a fait don de la France à sa personne (pour reprendre un mot d'Henri Jeanson dans le « Crapouillot ») ce qui lui attira, naturellement, la haine des petits jaloux. L'étonnant, dans l'anti-gaullisme, c'est qu'il prit successivement des formes contradictoires, chacun trouvant d' excellents motifs d'en vouloir au général. On trouve de tout chez: ces « anti »-là, de la droite à la gauche extrêmes...

  • Oh les vilains cocos

    Anticommuniste, tout le monde l'est aujourd'hui, ou à peu près, alors que le « glorieux parti des
    travailleurs » peut réunir ses troupes dans une cabine téléphonique. C'est le moment de rappeler
    le formidable écho qu'eurent en France, grâce àThorez, Duclos et consorts, les mots d'ordre staliniens, l'ours soviétique se dissimulant à l'occasion sous la peau d'agnelet d'un militant antiatomique. Et qu'il y eut quelques abominables anticommunistes primaires pour flairer la supercherie.

  • Les bouffeurs de curés

    Le plus ancien et peut-être le plus solide des . « anti », l'anticléricalisme est profondément enraciné
    dans la tradition française. Avant d'être l'obsession comique de quelques laïcards invétérés,
    l'Eglise trouva des procureurs en Rabelais, Calvin et Voltaire. Rapprocher ces noms de celui du sieur Laignel, c'est mesurer la décadence du mouvement anticlérical .•. ressuscité en 1981 par les émules du «Petit père» Combes, et qui devait, comme on le sait, se casser les dents sur l'école libre.

  • Le père noël est une ordure

    Comment peut-on haïr le Père Noël ? Le bonhomme à la hotte fut pourtant l'objet, au moment où il commença à fréquenter les cheminées françaises (vers 1950) d'une véritable levée de boucliers. Certains y voyaient - non sans raison- une irruption du paganisme dans la tradition chrétienne; d'autres, plus prosaïquement, un "cheval de Troie" de la société de consommation. Mais qui aurait pu prévoir que le lobby anti-Père Noël compterait parmi ses plus ardents avocats, un député qui ne dédaignerait pas, lui non plus de déposer au miment propice de petits cadeaux dans les chaussons des électeurs, un certains François Mitterrand.

  • F.L.N.C. (Front de Libération de Notre Corset)

    La mode est un tyran, d'autant plus exigeant que l'on s'y soumet de plein gré. Au tournant de ce
    siècle, cette dictature atteint des proportions extravagantes. Les canons de la beauté fixent comme
    objectif à ces véritables instruments de contention que sont les corsets, qu'un monsieur puisse tenir la taille de sa dame entre ses deux mains. Les dangers de la taille de guêpe sont dénoncés par les médecins et quelques ligues patriotiques, convaincues qu'en boudinant les Françaises, on les empêchera de faire de petits Français pour la revanche. Dieu merci, le corset n'est pas une invention allemande ! Reste que ni les médecins ni les ligues ne furent écoutés, et que c'est un couturier, Paul Poiret, qui aura raison du corset. Ce que la mode avait fait, seule une autre mode put le défaire...

  • Crosse en l’air

    L'antimilitarisme est probablement aussi ancien que l'armée, mais il ne connut son véritable essor
    qu'avec la conscription. Le citoyen, à qui la Révolution venait d'accorder des droits, découvrait qu'il
    en était dépouille dans la cour de la caserne. Ce paradoxe inspira pamphlets et chansons, sur le
    modèle des «Complaintes au sergent recruteur»,plaie de l'ancien régime. La hiér'Urchie militaire ne
    commença à en prendre pour son grade qu'après la défaite de 1 870. Les « culottes de peau » s' épanouiront dans une France par ailleurs cocardière et revancharde, et dont le coeur battait tout autant aux refrains de Montéhus qu'à ceux de Déroulède.

A propos du magazine

Le Crapouillot
Le Crapouillot LE CRAPOUILLOT a été créé en 1915 par Jean Galtier-Boissière, il est alors le premier journal des tranchées. Son but étant de soutenir les soldats français présents sur le Front, tout en les informant des avancées du combat, non sans une certaine ironie. La guerre terminée, le journal ne cesse néanmoins pas d'exister mais est alors considéré comme une revue culturelle et littéraire. Plusieurs auteurs de l'avant-garde y signent des articles tels que Gus Bofa ou Francis Deloisi. Très polémique car très crue dans le ton employé dans ses critiques, la revue devient alors une référence dans l'univers du spectacle. A partir des années 30, les publications deviennent plus ponctuelles et les numéros traitent de thématiques bien spécifiques assez proches de la guerre et de la politique.

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