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Jaquette Scènes portugaises

Scènes portugaises

  • magazine : Ubu - Scènes d'Europe
  • numero : 33 - octobre 2004
  • date : 01 octobre 2004
  • catégorie : Culture & arts

Sommaire

  • Situation du théâtre au Portugal

    Le théâtre, au Portugal comme en tout autre pays, est l’affirmation de ce qui est humain et de ce qui est invention. Cela a à voir, naturellement, avec le caractère dictatorial auquel il peut être confronté et sa capacité à l’exprimer, étant en même temps, affirmation ou déni. Il y a un « avant » ou un « après » cette date irréfutable, cette date essentielle que chacun de nous ne peut cesser de défendre, de faire sienne, la date de la libération, le 25 avril 1974, qui nous a transformés, nous et le collectif que nous sommes, en une autre société, une autre patrie. Et qui surgit ainsi dans cette histoire comme l’expression d’une situation politique, sociale et culturelle déterminée.

    par Carlos Porto
  • Quelques sites d’une géographie théâtrale sui generis au Portugal

    C’est entre 1974 et 1984 que sont apparus et se sont affirmés les groupes les plus importants du « théâtre indépendant » portugais. Hormis des personnalités artistiques très prestigieuses comme le metteur en scène Ricardo Pais, rentré d’Angleterre, des compagnies se sont installées presque sur tout le territoire portugais. Ce fut l’époque de la décentralisation théâtrale.

    par Eugénia Vasques
  • Danse, territoire de liberté

    Cela fait quelques années que les chorégraphes portugais ont commencé à construire des « oeuvres », et l’on peut dire maintenant que les observer, c’est s’interroger sur une manière d’être dans un environnement déterminé, et sur la volonté relative de cet environnement de mettre en place les moyens nécessaires pour réaliser leurs oeuvres. Au fond, avant même que le temps ne s’estompe, nous avons assez de recul pour reconnaître que la danse contemporaine portugaise porte en elle, depuis le début, la genèse de nouvelles formes de production.

    par Cristina Peres
  • Luis Miguel Cintra : Un théâtre de la pensée

    Né en 1949 à Madrid, Luis Miguel Cintra, metteur en scène, comédien, traducteur, est un véritable mythe national. En France, il est davantage connu pour sa présence dans les films des plus prestigieux réalisateurs portugais : Manoel de Oliveira, João Cesar Monteiro, Paolo Rocha, Paulo Branco… mais sa vie est tout entière consacrée et inspirée par le théâtre. Il est issu du théâtre universitaire dont le rôle d’avant-garde était très important durant toute la période de la dictature salazariste qui imposait un théâtre officiel d’ordre social et moral. Il est à Avignon en 1968, année révolutionnaire... Il y découvre le Living Theater puis, à Paris, le Berliner Ensemble, Grotowski, Strehler... Tous l’invitent à rester au Portugal où tout sera, forcément, à inventer.

    par Marina da Silva
  • Jorge Silva Melo : Artistas Unidos pour les générations futures

    Parmi les figures historiques de la scène lisboète, Jorge Silva Melo est sans doute le plus soucieux de transmission. À cinquante-cinq ans passés, cet auteur, cinéaste et metteur en scène aurait pu se contenter de gérer sa notoriété en montant des classiques dans les grandes maisons. Au lieu de quoi, depuis dix ans, Silva Melo se démène, dans des conditions souvent précaires, au sein d’Artistas Unidos, pour « préparer la relève » : accompagner l’émergence de jeunes artistes et leur permettre un jour de voler de leurs propres ailes.

    par Maïa Bouteillet
  • Le projet singulier du Bando : Un imaginaire à ciel ouvert

    Alors qu’il célèbre ses trente ans d’existence, O Bando peut s’enorgueillir de se détacher du panorama théâtral portugais contemporain par la singularité de son projet. Bien que passant par un long processus de développement et de reconfirmation de ses propositions artistiques initiales, l’histoire du Bando présente, dans le contexte portugais, une situation unique que l’on peut définir en quatre points : une philosophie de groupe spécifique, le plaisir d’occuper un espace de travail exceptionnel, un répertoire constitué surtout de textes narratifs et, enfin, un travail scénographique qui se caractérise par la construction de dispositifs scéniques d’une grande richesse plastique et avec des valeurs symboliques fortes.

    par Maria Helena Serôdio
  • João Mota: “Le théâtre pose la question du collectif”

    João Mota a fondé le théâtre A Comuna – Teatro de Pesquisa (théâtre de recherche) en 1972. En 1973, il s’inscrit déjà dans une démarche de mise en scène collective avec ses acteurs et camarades de scène. Et c’est tout naturellement qu’en 1974, il accompagne le bouillonnement d’expériences
    théâtrales qui va caractériser la période post-Salazar. La recherche, l’enseignement, la transmission des expériences entre les anciens et les plus jeunes, dans des influences partagées, sont au coeur de son travail. Auteur, acteur, metteur en scène, il a toujours répondu aux sollicitations pour
    accompagner des recherches au fin fond du Portugal ou encore ouvrir son théâtre à de jeunes compagnies. Il est également connu pour des spectacles jeune public de grande qualité.

    par Marina da Silva
  • Ricardo Pais : “Un théâtre né de la fusion des genres”

    Ricardo Pais est né en 1945 et, comme tant d’autres, il est parti à l’étranger – à Londres, plus précisément – avant la Révolution de 1974. C’est là qu’il a fait ses études de théâtre, avant de rentrer au Portugal. Il s’est tout de suite fait remarquer par une attitude dont la modernité allait au-delà d’un théâtre de revendication strictement politique, comme l’était celui qu’on avait commencé à faire avant le 25 Avril 1974, et comme a été – et pour cause, évidemment – celui que l’on a fait pendant plusieurs années encore après la Révolution.

    par João Carneiro
  • Joaquim Benite : “J’aime poser des questions”

    Joaquim Benite est l’une des personnalités les plus passionnantes du théâtre portugais. Cet
    homme, aux mille talents, à la curiosité insatiable, a mené de front plusieurs activités. Mais,
    alors que sa famille voulait qu’il devienne expert-comptable, tous ses choix reflètent sa passion
    pour l’écriture, la création artistique et témoignent de son engagement. Né en 1943, Joaquim Benite se retrouve orphelin, de père et de mère, à l’âge de huit ans. Il est encore étudiant quand il signe ses premières collaborations littéraires. En 1963, il publie, avec Deodato Santos, un recueil de poèmes, Tempo de Guerra. Un an plus tard, il se lance dans la carrière journalistique. Là, tout l’intéresse. Il sera reporter, chroniqueur politique, critique dramatique, rédacteur en chef.

    par Chantal Boiron
  • Monica Calle : Variations sur l’intime

    Monica Calle est née en 1966. Elle est passée par l’École supérieure de théâtre et de cinéma de Lisbonne et par le théâtre de la Cornucopia de Luis Miguel Cintra pour très vite créer sa propre compagnie et son propre lieu. C’est sans aucun doute l’une des personnalités les plus intéressantes du paysage théâtral portugais, et même européen.

    par Marina da Silva
  • João Garcia Miguel : La Métamorphose d’Andy Warhol

    Marier l’univers de Franz Kafka à celui d’Andy Warhol, un pari stupide et impossible ? C’est justement à la lisière de l’absurde et de l’insensé que João Garcia Miguel installe son univers théâtral. Depuis bientôt quinze ans, cet artiste radical pratique l’hybridation scénique et l’altermondialisme sensible. Il ouvre ainsi une voie vivifiante, entre le spectacle de la société et la société du spectacle.

    par Fred Kahn
  • João Fiadeiro : Transmettre c’est recevoir

    Né à Paris en 1965 de parents portugais et initié aux États-Unis par Trisha Brown et Steve Paxton, le chorégraphe et metteur en scène João Fiadeiro qui fut l’un des pionniers, avec Vera Mantero, de la danse contemporaine portugaise dans les années quatre-vingt-dix, est sans doute le plus international des artistes portugais. Orienté vers la recherche et le processus, son travail, au sein de la compagnie RE. AL (REsposta ALternativa), est largement coproduit par la Belgique, le Canada, l’Allemagne, la Suisse, la France et d’autres pays d’Europe où ses créations sont davantage vues et comprises qu’au Portugal. La récente acquisition d’un lieu à Lisbonne devrait permettre de développer une intense activité de recherche et de transmission ainsi que de recentrer le travail du créateur sur le berceau des origines.

    par Maïa Bouteillet
  • Olga Roriz : Une danse qui a tous les droits

    Toutes les oeuvres contiennent une sorte de « noyau » qui se laisse découvrir et identifier uniquement a posteriori. Dans l’oeuvre de la chorégraphe Olga Roriz, qui vient de célébrer ses vingt ans d’activité, Jardin d’hiver (une coproduction Portugal-France du Service Acarte de la Fondation Gulbenkian et du Carrefour des Régions d’Europe, 1989) marque la genèse du langage chorégraphique et de la méthodologie que cette artiste s’est mise à développer dans ce qui allait devenir sa compagnie d’auteur. C’était alors un travail de transition qu’elle menait parallèlement à ses nombreuses créations pour le Ballet Gulbenkian – auquel elle appartenait toujours – et qui lui permettait de mettre au point l’articulation qui existait déjà entre quelques-unes de ses pistes de recherche les plus fondamentales.

    par Cristina Peres
  • Ce qu’il est dur de survivre à l’ombre de Pessoa !

    J’écris du théâtre depuis toujours. J’ai aussi l’impression que je connais Pessoa depuis que je me connais. Notre entente s’est poursuivie avec passion parce que je me suis toujours refusée à institutionnaliser notre relation : je n’ai jamais été subventionnée pour le découvrir ou le publier. Je crois que c’est aussi parce qu’il ne cesse jamais de me surprendre : il y a toujours des textes inédits qui viennent à ma rencontre, ou de nouvelles facettes que je n’avais pas encore décelées. Qu’il ait toujours cohabité avec mes écrits personnels – poésie, théâtre, contes – sans jalousie ni effraction a aussi beaucoup joué…

    par Teresa Rita Lopes
  • Mario de Carvalho : “Une scène pour traiter du monde quotidien”

    Grand auteur de la nouvelle littérature portugaise, Mario de Carvalho est surtout connu par ses romans (Le Jeune Homme, la Forteresse et la Mort, Les Sous-Lieutenants, Un dieu dans le souffle du jour). Mais il écrit aussi du théâtre. Nous l’avons rencontré à Lisbonne, dans son bureau d’avocat (qu’il a conservé bien qu’il ait renoncé à cette activité il y a douze ans), grâce au metteur en scène français de ses pièces, Jacqueline Ordas.

    par Gilles Costaz , Marina da Silva
  • José Maria Vieira Mendes : L’entrée dans le monde adulte

    José Maria Vieira Mendes est un jeune auteur portugais de 28 ans qui, entre adaptations et textes originaux, compte déjà à son actif six pièces de théâtre. Ses premiers écrits sont des transpositions pour le théâtre d’oeuvres de Kafka, Dois Homens (Deux hommes, 1998), de Dostoïevski, Crime e Castigo (Crime et Châtiment, 1999), et de Schnitzler, Morrer (Mourir, 1999). En 2001, paraît sa première pièce originale Chão (Sol) suivie, en 2003, de T1 qui vient de faire l’objet d’une traduction en italien. Sa dernière pièce, Se o mundo não fosse assim (Si le monde n’était pas ainsi) écrite à partir de contes de Damon Runyon, est actuellement en scène à Lisbonne.

    par Olinda Gil
  • Isabel Alves Costa : “Ce que j’aimerais faire relève de l’impossible”

    Dans les années trente, l’actuel Théâtre Rivoli appartenait à la Banque Borges e Irmão. Sa dernière propriétaire y organisait des spectacles de danse, de musique et de théâtre, en mécène éclairée dont la maison même était reliée au théâtre par un passage privé. Avec le temps, l’immeuble a vu son lustre s’effacer progressivement, jusqu’au moment où les propriétaires ont décidé de le démolir pour construire à sa place un parking. La Mairie de Porto a décidé alors d’acheter le vieux théâtre, de le rénover en tenant compte de la nécessité de créer une salle et une scène contemporaines, et de nommer quelqu’un pour en assurer la direction artistique. Le projet du Rivoli, Théâtre Municipal de Porto, était donc né. On était alors en 1993.

    par João Carneiro
  • €“Circolaire” d’arts et du monde

    La Charanga passe. Circulant parmi la foule. Adultes comme enfants. Le soleil brille, on fête le printemps. Six hommes sales, fatigués, transis parcourent un long chemin souterrain jusqu’à la surface, accompagnés d’une bicyclette. Ils sont mineurs, hommes-taupes, à la fin d’un jour de travail supplémentaire. Ils se traînent, tirant leur vélo, composant une fanfare d’instruments à vent. C’est leur moyen d’expression. Les tubas, les basses baryton, les cornets à pistons et les trombones émettent des sons caverneux qu’ils obtiennent en soufflant, pulvérisés de cendres, de poussière, de fatigue.

    par Catarina Cardoso Matos

A propos du magazine

Ubu - Scènes d'Europe
Ubu - Scènes d'Europe UBU, Scènes d’Europe / European Stages » apporte, grâce à une équipe de correspondants européens, une information complète sur la vie des théâtres en Europe et au delà de la communauté européenne. UBU traite des différents aspects du théâtre : l’écriture, la dramaturgie, la scénographie, le jeu, la mise en scène… Elle a l’ambition d’être un forum, d’apporter un point de vue sur l’évolution esthétique des arts du spectacle et une réflexion sur les questions d’éthique qui se posent aux artistes d’aujourd’hui, en confrontant le passé et l’actualité, la mémoire du théâtre et la création la plus actuelle. Tous les articles sont publiés en français et en anglais. Une troisième langue figure dans chaque numéro avec la publication d’extraits d’une pièce contemporaine, dans sa langue originale et dans une traduction française. Ainsi la revue Ubu a-t-elle publié des textes en russe, en allemand, en arabe littéraire, en espagnol, en portugais, en norvégien (nynorsk)…

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