Burnout Machine
- magazine : L'Art Même
- numero : 77 - 2019
- date : 05 février 2019
- catégorie : Culture & arts
Sommaire
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Rituels et pratiques collectives
Réalisatrice et plasticienne, Camille Ducelier questionne le
corps, le genre, le féminisme queer, les rituels païens et la figure de
la sorcière dans ses créations multimedia telles Reboot me, Sorcières,
mes soeurs, Salvia, La Lune Noire, Voyage hors du corps, IEL 360 ou
encore sa dernière série documentaire Gender Derby. Philosophe,
maître de conférence à l’Université de Nanterre et chercheuse au
Groupe d’études constructivistes (GECo) de l’Université Libre de
Bruxelles, Émilie Hache questionne dans ses travaux l’écologie
politique, l’écoféminisme (Ce à quoi nous nous tenons. Propositions
pour une écologie pragmatique ; Reclaim ; préface à Rêver l’obscur
de Starhawk…). Cet entretien mené avec elles interroge notamment
les rituels (rituels des sorcières, expérimentations, transformations
corporelles,…) qui permettent de se réapproprier ce dont la logique
dominante nous a spolié et de tracer une transversale entre la raison
et l’irrationnel ainsi qu’entre d’autres binarismes (homme/femme,
humains/non-humains, intelligible/sensible, esprit/corps…). -
Béatrice Balcou
Les objets de la négociation
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Du rituel de l’exposition à l’exposition comme rituel
L’art et les institutions qui l’exposent ont toujours
participé d’un rituel religieux, social,
politique, symbolique, comme l’analyse
l’historienne Dorothea von Hantelmann. Un
ensemble de codes structurent la relation du
public à l’expérience esthétique et se définissent
principalement à partir du format
de l’exposition, qui s’est imposé au XXème
siècle au sein d’un monde de l’art globalisé.
Aujourd’hui, nombreux sont les artistes qui
cherchent à opérer cette transformation
appelée par Dorothea von Hantelmann, visant
à explorer et inventer de nouveaux rituels de
création pour faire écho aux mutations des
sociétés. -
Commentaires sur l’idée de protocole
À partir des différents sens (en tant que
formule et instruction) nous proposons une
thèse depuis une série de commentaires sur
l’idée de protocole : le protocole est soit une
manière de faire tenir la réalité et la sacralité
(il s’adjoint alors au cérémonial et à la ritualisation)
soit il est une manière de faire tenir
la réalité et la fixation du temps (la manière
dont il est, par exemple, employé en art). En
somme le protocole est un moyen de faire
adhérer (de faire coller) deux choses qui ne
sont pas compatibles, la teneur objective et
la teneur performative. C’est cette relation
complexe que nous nous proposons d’étudier,
d’abord en interprétant l’histoire du concept
de protocole et des relations qu’il entretient
avec le rite et l’autorité, puis à partir d’une
enquête réalisée auprès de trois artistes
contemporains, Aurélie Pétrel, A Constructed
World et Dieudonné Cartier. Il s’agira enfin de
penser les questions politiques essentielles
au protocole et à l’opérativité contemporaine. -
Protocoles de traduction
Un protocole est un ensemble de procédures définies par
des règles permettant de produire ou de valider les qualités
spécifiques d’un texte, et par extension d’un objet ou
d’une action. S’il y a protocole, cela signifie que l’oeuvre
doit suivre un certain type de règles, fixées par le langage,
qui déterminent sa réalisation, son actualisation, sa
monstration ou sa préservation. Et ce protocole implique
la définition d’une instance, d’une autorité ayant le pouvoir
d’instituer ces règles. Cette institution produisant des
actes par lesquels l’oeuvre est agie, elle ne manque pas
de passer par un certain nombre de rituels plus ou moins
identifiables et stabilisés. -
L’idole et l’hérétique
En dépit de, ou grâce à, la surreprésentation
des foires, expositions, biennales, en ou hors
institutions, officielles ou non, nos rituels
à l’égard de l’art contemporain semblent
toujours plus renforcés lors de ce que l’on
nomme ses “grands-messes” où les protocoles
le disputent aux mondanités, les enjeux
financiers aux expériences des oeuvres, l’oeil
pénétrant de l’élite aux regards amusés des
amateurs, les avis des initiés aux opinions
des béotiens. -
Du chant des ruines
Depuis une quinzaine d’années, le commissaire
d’exposition Guillaume Désanges
développe une ligne curatoriale singulière,
qui interpelle tant elle semble relever de
l’oxymore : jouant habilement des contrastes,
elle se situe quelque part entre un désir de
concrétude matérielle et le plaisir de l’érudition. -
Stéphane Mandelbaum
Du 6 mars au 20 mai 2019, le Centre Pompidou
de Paris exposera une cinquantaine de dessins
de Stéphane Mandelbaum (Bruxelles,
1961 – Beez, 1986) à la Galerie d’art graphique
; une opportunité pour appréhender
une oeuvre singulière violemment interrompue
à la mort de l’artiste à l’âge de 25 ans.
Le galeriste Bruno Jean est un incitateur au
projet et Anne Montfort est chargée du commissariat
de l’événement. -
Vertiges
Le dernier volet du cycle La Traversée des
inquiétudes a ouvert à Labanque, Béthune,
centre de production artistique et lieu d’exposition
dans lequel s’est tenue, depuis 2016,
une exploration curatoriale et artistique librement
adaptée de la pensée du philosophe et
écrivain Georges Bataille (1897-1962), fondateur
avec Jean Piel de la revue Critique et de
la collection associée aux Éditions de Minuit. -
Décolonialiste
Un montant de 607.726 euros a été consacré à la
restauration du marbre, 810.158 euros ont permis
la restauration des peintures murales et 992.433
euros ont été alloués à la restauration de la façade
du plus grand monument colonial de la Belgique. La
réparation de la fontaine, quant à elle, aura coûté
1.162.500 euros. Ces dépenses sont probablement
jugées excentriques par ceux qui restent insensibles
à la beauté frivole d’une fontaine. D’autres froncent
sans doute les sourcils à l’idée que la façade coloniale
retrouve sa jeunesse, et se disent qu’il eut
été préférable de laisser sur celle-ci les traces du
temps, se confortant dans l’idée que le colonialisme
est lui aussi un concept périmé. -
À propos de Versailles
L’exposition de Jacqueline Mesmaker,
qui se tiendra en février prochain à la Verrière
Hermès, offre opportunément l’occasion de
revenir sur l’un ou l’autre aspect de la pratique
de cette artiste dont l’importance
majeure jouit enfin, quoiqu’avec bien du
retard, d’une juste reconnaissance. -
Lucile Bertrand
L’installation de Lucile Bertrand,
amnesia (2014), projetée à l’Espace
Contreype, se penche sur la capacité de l’être
humain à enfouir l’insoutenable, l’irreprésentable.
Mais elle nous réapprend aussi à nous
souvenir et entretenir la mémoire des traumatismes
humains contre un cruel effacement. -
Michel Lorand
Une nouvelle fois, Michel Lorand investit
l’espace d’exposition de la Cinematek en y
portant une question brûlante. C’était, voici
deux ans, la guerre. Plus précisément, la propagande
de guerre, les mystifications tragicomiques
d’entreprises dévastatrices, “l’illusion
de la guerre juste”. C’est aujourd’hui,
la migration, plus précisément, la “politique
migratoire”. A savoir, centres de transit et de
détention, murs, enceintes, expulsions : fondamentalement,
politique d’exclusion. Plutôt
que d’une “crise migratoire”, c’est bien d’une
crise de l’accueil qu’il conviendrait de parler. -
Maxime Brygo
L’Espace Contretype consacre une exposition
solo à Maxime Brygo. Ce dernier poursuit
depuis plusieurs années un travail de fond
sur ce qu’on pourrait appeler des “contextes”
où les éléments environnementaux sont
impactés par l’homme, de manière franche
ou improbable. La photographie y est traitée
en relation avec d’autres médiums et génère
des formes documentaires où l’envoûtement
et la négociation poétique avec le réel prédominent. -
Entropie
Degré d'imprédictibilité du contenu en information d'un système