Déchets | Waste
- magazine : Esse
- numero : 64 - 2008
- date : 01 septembre 2008
- catégorie : Culture & arts
Sommaire
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Déchet et ontologie
Le but du présent article est d’esquisser quelques-uns des multiples champs dans lesquels opère la notion de déchet. Objet dialectique par excellence, le déchet est le lieu de forces contraires; en lui, se jouent non seulement le devenir de la chose, mais encore sa signification. De ce point de vue, ce n’est pas simplement sa valeur qui se trouve ébranlée, mais son être même. Dans le domaine de l’art, cette perte de degré ne se joue plus simplement du point de vue de l’essence particulière, c’est ici la notion d’Œuvre comme essence universelle qui subit cette « dévaluation ».
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Ground Zero : la domestication des restes
Cet article poursuit l’analyse de la reconstruction sur le site du World Trade Center en explorant une certaine économie des restes. Vestiges matériels qui témoignent encore de l’événement sur le site de Ground Zero et, plus directement, ces restes que l’on choisit de jeter ou de retrouver, de conserver ou d’enfouir, de même que la vertigineuse prolifération de restes dans les formes, les langages et les technologies d’une culture contemporaine exposée (puis soustraite) au danger. Contrepoint photographique de cet article, des images d’un autre site, le dépotoir de Mbeubeuss en banlieue de Dakar, rappellent que loi de la maison, c’est le pouvoir de disposer.
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El Anatsui : des poubelles de Nsukka aux musées internationaux
Entre réalité locale et enjeux internationaux, la problématique du déchet est au cœur de l’œuvre d’El Anatsui. Artiste ghanéen vivant au Nigeria, il a fait de la récupération (bois mort, bouchons de bouteilles, boîtes de conserve, plaques de métal) le pivot de son processus créatif. Chargés de la mémoire de la société qui les a produits, les déchets convoquent de multiples strates de référence et inscrivent les œuvres dans la tradition de l’art moderne, mais aussi dans le contexte culturel, politique et social de l’Afrique, sans en produire une représentation stéréotypée. In fine, Anatsui procède à une transfiguration poétique du déchet dans ses magnifiques « tableaux sculptures ».
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Reconfiguration du cinéma de films trouvés
Sur le travail de Richard Kerr, Karl Lemieux, Arthur Lipsett et Caroline Martel
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Ruines d’un jour : l’art jetable de Koo Jeong-A
Avec leurs miettes de biscuits, leur poudre de cachets d’aspirine et leurs papiers d’emballage jonchant le sol, les installations de Koo Jeong-A peuvent être situées dans la voie du recyclage esthétique des déchets, tel qu’il est pratiqué par les avant-gardes artistiques depuis le début du 20e siècle. À cette différence près que, chez l’artiste coréenne, l’utilisation des rebuts ne conduit pas à leur pérennité. Comme un sursis le temps de l’installation, leur conservation n’est que temporaire. Ensuite, ils disparaissent, emportant avec eux l’œuvre d’art.
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Les papiers périssables de Pierre Pilonchéry
Avec ses publicitages, Pierre Pilonchery propose un véritable recyclage visuel des prospectus édités pour la grande distribution. Ces images, rebuts de notre société de consommation, sont patiemment découpées en lanières, puis tissées, créant ainsi de vastes surfaces, que l’artiste manipule, placarde, suspend, froisse, met en scène. En fonction de leurs lieux de présentation, ces canevassages prennent des significations variables, créant par exemple un effet de retour à l’envoyeur lorsqu’elles investissent les allées d’un grand magasin. Sans résister aux lois du cycle universel, sans chercher à créer des reliques, Pilonchery s’approprie des fragments du réel pour fabriquer son œuvre, assumant pleinement la précarité de ses surfaces fragiles de papier périssable.
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Portfolios
BGL – Le Manège
Éric Cardinal – Floraisons
Andrew Chartier – Le dioxygraphe et pH GOOSE & pH DUCK
Isabelle Hayeur – Quaternaire IV
Louis Joncas – Detritus
Blue Republic – Nostalgia for the Present
Kelly Wood – The Continuous Garbage Project (1998-2003) -
Narration, installation et peinture : un ménage à trois chez Éric Lamontagne
La pratique artistique d’Éric Lamontagne se révèle beaucoup plus complexe que ne le laisse penser son côté ludique. Revisitant le potentiel narratif de la peinture à travers les redoublements que permet la citation ou les déambulations qu’occasionne l’installation, l’artiste s’approprie l’histoire de la tradition picturale afin de contribuer à faire apparaître l’artificialité de sa linéarité. Proposant au spectateur un rôle d’acteur, il modifie le statut de l’œuvre d’art qui, par son caractère inclusif, devient plurielle, chaque spectateur-acteur lui donnant un peu de sa personnalité.
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Rafael Sottolichio : quand la peinture s’hybride
Le peintre Rafael Sottolichio s’intéresse aux formes d’hybridation possibles entre la peinture et la photographie. Dans la pratique de cet artiste, la logique de reproduction du réel se confronte à la matière, au geste de peindre. Par une reproduction fidèle d’images photographiques, il y a surtout une volonté de créer de nouveaux rapports à l’image. En utilisant la facture photographique comme tactique de représentation, l’artiste poursuit un questionnement sur le rôle des images aujourd’hui.
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Concours Jeunes critiques
Saisir la ville
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Affaire de zouave
Barattage chocolat
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Publications
Une saison chez Guy Borremans
Cynismes?? Manif d’art 3 [La biennale de Québec]
Persistance [Mathieu Beauséjour]
Michel Goulet, sculpteur -
Expositions
Float/Fly, InterAccess Electronic Media Arts Centre [Niknaz Tavakolian]
Not Quite How I Remember It, The Power Plant [exposition collective]
6* ÉMISSAIRES, Centre VU [exposition collective]
Holly Ward in Idyll: Three Exhibitions, Morris and Helen Belkin Art Gallery
One Time, Lawrence Eng [Kelly Mark]
Eden, Galerie Art Mûr [Nicolas Grenier]
Retracer la peinture, Galerie de l’UQAM [Stéphane La Rue]
Geoffrey Farmer, Musée d’art contemporain de Montréal