Des auteurs français d’aujourd’hui
- magazine : Ubu - Scènes d'Europe
- numero : 2425 - 2002
- date : 01 avril 2002
- catégorie : Culture & arts
Sommaire
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Philippe Minyana : “Dire le réel”
Écrivain, comédien et directeur d’acteurs, Philippe Minyana a écrit une trentaine de pièces, éditées à l’Avant-Scène Théâtre, Actes Sud-Papiers, Tapuscrit/Théâtre Ouvert et Théâtrales. Son oeuvre est connue du public depuis Chambres (mise en espace, Alain Françon, Théâtre Ouvert,1986) et Inventaires (mise en scène, Robert Cantarella, Théâtre de la Bastille, 1987). Auteur très impliqué dans la vie théâtrale, il devient en juillet 2000 « auteur
associé » au Centre Dramatique National de Dijon, dirigé par Robert Cantarella. -
Budapest sur scène : En Hongrie, le théâtre se fait ailleurs
Les deux dernières saisons théâtrales à Budapest se sont déroulées sous le signe d’un débat très animé autour de deux principaux problèmes dont l’issue devait être décisive pour le sort du théâtre hongrois. Ainsi, le projet de construire un bâtiment, destiné au Théâtre National (notons que Nemzeti Szinhàz en Hongrie, depuis cent cinquante ans qu’il existe, n’a jamais eu sa propre salle), a pris un caractère presque politique. En effet, le précédent gouvernement avait commencé, à quelques mois des élections, la construction d’un édifice au centre de la ville, au-dessus d’une station de métro et dont le coût n’avait pas été prévu dans le budget de l’État.
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De quelques tendances et tentations repérables dans les écritures dramatiques contemporaines
Il y a quelque insouciance, voire une bonne dose d’inconscience, à accepter de rendre compte en quelques feuillets de l’évolution des écritures dramatiques contemporaines en France au cours de ces trente dernières années – celles-là mêmes qui furent marquées par l’après-68, l’après-De Gaulle et les années Mitterrand – jusqu’à l’aube de ce siècle dont nous ne sommes pas encore en mesure, faute de recul, d’évaluer les ruptures et les nouveaux enjeux. Le survol, en sa prétention panoramique, ne pourra donc être qu’elliptique et subjectif. Il exige du lecteur la plus grande indulgence quant aux symptômes et noms d’auteurs qui, en dépit de leur pertinence, par négligence ou par omission, n’y figureraient pas. Enfin faut-il préciser que, préfigurant puis accompagnant l’extinction des idéologies, les écritures dramatiques contemporaines – j’insiste sur le pluriel – après avoir définitivement renoncé à toute notion d’école, de courant ou de « chapelle », s’abandonnent désormais à la culture farouche de leurs différences, variations et singularités. Aussi réduirai-je mon propos à une tentative d’identification de quelques-unes des tendances esthétiques et stylistiques qu’un observateur assidu et aux curiosités multiples – conseiller littéraire dans un théâtre ou animateur d’un comité de lecture – aurait pu repérer puis répertorier au fil de ses lectures et des spectacles vus. Et, comme ces tendances ne parviennent pas toujours à la conscience des auteurs eux-mêmes, nous en atténuerons l’objectivité en les rebaptisant simplement « tentations », respectant ainsi que leurs déterminations, penchants ou pulsions puissent échapper aux artistes dans l’instant de la création.
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Le puzzle reconstitué ou Beckett revisité
La pièce qui a tout révolutionné : En attendant Godot. Samuel Beckett n’est pas français, mais il a écrit En attendant Godot en France et en français. La pièce a été créée, en 1953, au Théâtre Babylone à Paris, par un metteur en scène français, Roger Blin, grand découvreur d’auteurs contemporains et auquel nous dédions ce numéro d’UBU. D’autre part, il est évident que Godot a eu une influence déterminante sur l’évolution de l’écriture dramatique en France comme dans le reste de l’Europe. C’est pourquoi nous voulions ouvrir, par ce texte fondateur, un dossier consacré à l’écriture dramatique contemporaine en France. Valentin Temkine, historien et grand amateur de théâtre, fait ici une lecture à la fois très personnelle et certainement la plus juste de la pièce de Beckett.
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François Bon : “Du roman au théâtre”
François Bon est né en Vendée en 1953, l’année de la création d’En attendant Godot. Diplômé de l’École Nationale Supérieure des Arts et Métiers, il travaille plusieurs années dans l’industrie aérospatiale et nucléaire. Son premier roman, Sortie d’Usine, paraît en 1982 aux Éditions de Minuit. Depuis, François Bon se consacre à l’écriture. Il est d’abord romancier et ne viendra que tardivement au théâtre. François Bon travaille régulièrement, dans des ateliers d’écriture qu’il anime, avec des prisonniers, des RMistes, des SDF, des laissés pour compte. Sa pièce Bruit (Tapuscrit 95), mise en scène par Charles Tordjman à Théâtre Ouvert en mars 2000, témoigne de cette démarche personnelle très engagée. L’entretien avec François Bon, que nous publions dans ce numéro, a été réalisé à ce moment-là. Entre-temps, François Bon a écrit Quatre avec le mort (Éditions Verdier, janvier 2002) qui sera créé à la Comédie-Française à l’automne 2002.
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Emmanuel Darley : “Oeil et oreille toujours ouverts sur le monde”
Après de brèves études cinématographiques, Emmanuel Darley a travaillé une bonne douzaine d’années en librairie à Paris. Durant cette période, il écrit deux romans, Des petits garçons publié chez P.O.L. en 1993 et Un gâchis aux éditions Verdier en 1997. Sa première pièce Badier Grégoire est éditée en Tapuscrit par Théâtre Ouvert qui l’accompagne depuis lors par des lectures et des mises en espace. Depuis quatre ans, il vit dans le sud où il anime des ateliers d’écriture entre Toulouse et Montpellier et se consacre à son activité d’écrivain. Aujourd’hui il écrit principalement pour le théâtre. À 38 ans, Emmanuel Darley est l’auteur d’une dizaine de textes, pour la plupart destinés à la scène. Minimale, ludique et sensible, son écriture donne voix à des êtres enfermés dans leur solitude et leur différence. La douleur affleure sans cesse mais ne s’épanche jamais.
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Trois femmes
Marion Aubert, Pauline Sales, Karin Serres, trois jeunes femmes qui se font une place dans l’écriture dramatique. La dernière écrit surtout pour le jeune public, les deux autres sont aussi comédiennes. La cadette, Marion Aubert, vit à Montpellier, Karin Serres et Pauline Sales sont parisiennes.
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Joris Lacoste, le choix d’écrire
Quatre textes publiés à ce jour, des mises en voix, des mises en espaces, des lectures radio, une création parisienne, un site internet, des collaborations sur des revues en ligne : l’auteur s’appelle Joris Lacoste. Il est né en 1973.
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Jean-Paul Queinnec, une écriture qui crée du manque
Révélation des dernières rencontres « Informelles » du Théâtre des Bernardines à Marseille, Jean-Paul Queinnec y signait avec 17. laleu des belous un singulier texte-danse pour le corps et l’espace scénique. Acteur de formation, le jeune homme envisage l’écriture comme le lieu d’un possible rapport à l’autre, notamment aux comédiens qu’il incite à inventer leurs propres moyens d’écriture sur le plateau. On le retrouvera au festival Frictions, en mai prochain à Dijon, pour un projet multimédia à deux acteurs autour d’un nouveau texte, La Mi-temps.
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Karine Halpern : “Écrire est un endroit ‘juste’ pour moi dans le théâtre
« Je suis heureuse et joyeuse quand j’écris ». Karine Halpern, 32 ans, est un auteur qui ne crée pas dans la douleur. Assistante à la mise en scène de Laurent Pelly et de Frédéric Fisbach, elle s’est mise à l’écriture naturellement presque par hasard. Ses textes, poétiques, pleins de musicalité, sont des contes souvent tragiques mais drôles, où les êtres se cherchent, les familles se disloquent, la mort toujours omniprésente.
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Franck Laroze, ou le poème dramatique engagé
Une écriture théâtrale entre poésie et liturgie, et parfois une plume d’essayiste. Franck Laroze est dramaturge, poète, essayiste, penseur de l’humain (vous direz que ces gens se nomment philosophes), voire journaliste. Depuis qu’il a dépassé les folies de la jeunesse et du voyage permanent, il a publié des aphorismes, des Sourates libertaires (chez sens & tonka) ou encore un essai sur le fonctionnement du cerveau humain. Ses mots ont rencontré les scènes du Centre Pompidou, de la Flèche d’or Café, du Théâtre national Dijon Bourgogne, de la Maison de la Poésie, de l’Hôtel de Sully et dernièrement du Théâtre Gérard-Philipe de Saint-Denis. C’est là qu’on a pu voir Huntsville, l’ordre du monde en novembre 2001. Ce poème dramatique a été sélectionné par le service étranger de la SACD dans le cadre des échanges d’écritures contemporaines et est en voie d’être traduit et édité en vue de mises en scènes par le Théâtre national de Barcelone, le Royal Court de Londres et la maison d’édition Rohwolt en Allemagne où une première lecture a eu lieu en 2001.
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Auteur : Laurent Gaudé
Né en 1972, Laurent Gaudé vit et travaille à Paris. À 29 ans déjà, il est bien parti pour se faire reconnaître en tant qu’auteur dramatique. Jusqu’ici, il a publié quatre pièces, toutes chez Actes Sud : Pluie de cendres, montée pour la première fois en mars 2001 par Michel Favory au Studio-Théâtre de la Comédie-Française ; Onysos le furieux, mise en scène en juin 2000 par Yannis Kokkos au Théâtre National de Strasbourg ; Combats de possédés (Kampfhunde, traduit par Hinrich Schmidt-Henkel), mise en scène en avril 2000 par Jürgen Bosse au Schauspiel d’Essen, en Allemagne, et enfin, Cendres sur les mains.
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Festival SpielArt 2001 à Munich : “Séducteurs et joueurs”
Le festival de théâtre SpielArt de Munich s’est tenu du 15 novembre au 2 décembre 2001, avec une programmation de vingt-deux spectacles venus de quatorze pays. Impressions sur les plus marquants, parfois très expérimentaux.
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Supermarket : une société sans mémoire
C’est un Italien, Paolo Magelli, qui a monté pour la première fois (le 23 novembre 2001), en Belgique, au Théâtre de La Place à Liège, la version française de Supermarket de l’auteur serbe Biljana Srbljanovic. La pièce avait été créée en allemand, en juin 2001, par Thomas Ostermeier au Festival de Vienne.
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Maudits à Vérone : une histoire simple et symbolique
Maudits à Vérone est une adaptation très libre, imaginée par Dominique Touzé, à partir de Roméo et Juliette de Shakespeare : « C’est un fantasme personnel, une appropriation ». En effet, le metteur en scène n’a gardé que quatre personnages, Roméo, Juliette, sa cousine Clarisse et le diacre de Vérone.