Géopolitique
- magazine : Esse
- numero : 86 - 2016
- date : 15 janvier 2016
- catégorie : Culture & arts
Sommaire
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Après la cartographie cognitive
La forme politique du postmodernisme,
s’il y en a jamais une,
aura pour vocation l’invention
et la projection d’une cartographie
cognitive mondiale sur
une échelle aussi bien sociale
que spatiale. -
L’économie de la surveillance
Vers une géopolitique
de la personnalisation -
Art + géopolitique
La géopolitique traite des interactions
entre le politique et le territoire
géographique, et ces interactions,
lorsqu’elles sont soumises à des
relations de pouvoir et de domination
extrêmes, deviennent synonymes de
conflits menant – on le vit actuellement
– à la migration de populations, au
renforcement des frontières et à la
mise en place de diverses formes
de surveillance. -
Architecture de la séparation de réseau vs géométrie
Si les processus de connectivité s’intensifient aujourd’hui
à l’échelle planétaire jusqu’à prévaloir, en apparence du
moins, sur les frontières à la fois physiques (comme la
Grande Muraille de Chine ou la Ligne verte à Chypre)
et psychologiques (comme les barrières idéologiques
posées par la censure, la religion et la xénophobie),
la géographie mondiale présente encore de profondes
divisions. Autrement dit, et pour emprunter une image
plus parlante, le globe reste parcouru de failles profondes,
à l’instar du Grande Cretto, célèbre oeuvre de land-art
réalisée par Alberto Burri à Gibellina, en Sicile. -
Paradis fiscaux et espace extraterritorial
La représentation du géopolitique est un
lieu de tensions sur le plan théorique
et artistique et, parfois, de contradictions.
On peut dresser de nombreux parallèles
entre le débat sur la propriété et le pouvoir
diffus des télécommunications et les
débats sur la circulation, non règlementée,
des oeuvres d’art. Dans cet essai, je propose
de décortiquer l’enchevêtrement des
rapports entre l’art et les télécommunications.
Mon but est de soulever quelques
questions fondamentales sur le problème
de la résistance opposée par l’art à son
utilisation comme instrument de manipulation
à l’échelle géopolitique. Dans un premier
temps, j’examinerai l’émergence de
ces zones supraterritoriales qui permettent
aujourd’hui de contourner la règlementation
et le contrôle exercés par les États,
dont les paradis fiscaux destinés à l’art.
Dans un deuxième, j’analyserai comment
le champ de l’art – une sphère non règlementée
pour une bonne partie – s’imbrique
dans le contexte géopolitique. -
Survivre par-delà la ligne
Une image réalisée en 1982 par le photojournaliste francoiranien
Abbas montre, au milieu des édifices en ruine du
centre-ville de Beyrouth, une rue entièrement recouverte
d’une végétation dense qui s’étend au loin, indéfiniment.
Durant la guerre civile libanaise de 1975 à 1990, la rue de
Damas se transforma en un no man’s land désigné sous
l’appellation de « ligne verte1 » en raison de la verdure des
plantes sauvages qui avaient envahi ses espaces désertés.
De la place des Martyrs vers le Mont-Liban, la rue de Damas
constituait le lieu de démarcation entre deux secteurs de la
capitale, chacun étant défini par une identité confessionnelle.
Beyrouth-Est était majoritairement contrôlée par les
phalangistes chrétiens et Beyrouth-Ouest, par les partis
musulmans, l’Organisation de libération de la Palestine (OLP)
et les gauchistes révolutionnaires. -
Des bouquets (im)possibles
Au 17e siècle, le peintre
néerlandais Jan van Huysum
(1682-1749) a peint des natures
mortes représentant des
bouquets impossibles, soit de
somptueux assemblages de
fleurs qui, à l’époque, ne fleurissaient
pas à la même saison
ou sous les mêmes latitudes.
Ses compositions illusoires
compressaient le temps et
l’espace ; grâce à l’invention
artistique, elles reconstruisaient
la nature, devançant les techniques
horticoles modernes. -
Jimmie Durham
Au coeur du travail artistique, de la poésie et des
essais de Jimmie Durham, mais également au coeur
de son engagement comme activiste pour la cause
autochtone et comme défenseur des droits de
la personne, on retrouve un constat tout simple :
depuis toujours, la géographie a conditionné
la politique, pourtant la politique a toujours fait
comme si la géographie n’existait pas et comme
si aucune limite spatiale ne pouvait entraver
son action. -
ARCTICNOISE, de Geronimo Inutiq
Une lecture en contrepoint
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Sandra Calvo à la Biennale de La Havane
Architectes
du quotidien -
Samuel Roy-Bois
La pyramide
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Take me... Drop me
Il n’est rien de plus noble que de vouloir changer
les règles du jeu de l’exposition. Hans Ulrich Obrist
s’en fait un programme depuis deux décennies.
En s’associant à Chiara Parisi et à Christian Boltanski
à la Monnaie de Paris, il reprend un projet initialement
réalisé à la Serpentine Gallery en 1995,
intitulé Take Me (I’m Yours), qui devait revisiter
les règles habituelles de l’exposition en cherchant
à faire de la visite une activité ordinaire, proche
de celles de la vie quotidienne. La proposition
actualisée, avec près de 30 artistes supplémentaires,
s’attache toujours à déconstruire le rapport
des spectateurs aux oeuvres en mettant le don,
l’échange, la participation et la dispersion au coeur
de l’exposition. Par le lieu et le contexte choisi –
l’institution française qui frappe la monnaie –, elle
s’impose indéniablement comme une occasion
de penser la valeur : celle de l’exposition, celle de
l’art et, fait inhabituel, celle du spectateur.