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Jaquette Les lauréats

Les lauréats

  • magazine : Népenthès
  • numero : 7 - 2013
  • date : 01 juillet 2013
  • catégorie : Culture & arts

Sommaire

  • Le stade du mouroir

    J'ai vingt ans. Je vais mourir dans quelques instants. J’entends déjà le bruit de l’avalanche. Cela ne me surprend pas. Je sais depuis mon plus jeune âge qu’il est bien difficile d’échapper à ce destin. Bien sûr je ne connaissais ni la date, ni l’heure, ni le lieu. Je ne suis pas né en sachant cela. Non. La connaissance de la mort n’est pas innée. Je l’ai découverte peu à peu.

    par Michel Gros Dumaine
  • Deux lettres

    Il y a douze heures, nous étions encore ensemble ; hier à cette heure-ci, je te tenais dans mes bras... t'en souviens-tu ? Comme c'est déjà loin ! La nuit maintenant est chaude et douce ; j'entends le grand tulipier, qui est sous ma fenêtre, frémir au vent et, quand je lève la tête, je vois la lune se mirer dans la rivière.

    par Gustave Flaubert
  • Je n’écris plus

    Le monde, extraordinaire, se déploie. Je n’écris plus. J’ai quitté mon pays, qui est un vrai pays, je me suis installé dans un petit village, lieu très humide, forestier, riquiqui, étriqué.

    par Bernard Deglet
  • La crèche

    Encore cette fois-ci les vieux trucs ressortent
    Comme un train sans fumée
    Un aspirateur à angoisse ménagère

    par Patrice Maltaverne
  • La taille des animaux

    Plus les animaux sont grands, plus ils vivent longtemps. En effet, les petits animaux se refroidissent ou se réchauffent plus rapidement. Pour maintenir leur température, ils dépensent
    plus d’énergie, usant plus rapidement leurs organismes.

    par Jean-Luc Coudray
  • Signature (1)

    Biologiste de métier, Flora Michèle Marin – décédée en 2011 –, est née en Roumanie pendant la dictature. Elle a découvert l'art contemporain en France. Son travail, photographies et collages, a fait l’objet de plusieurs publications et expositions

  • La jalousie

    Dis-moi à présent où tu as passé la nuit, ne me mens pas, n’essaie pas, je sais quand tu me mens, il y a tes yeux qui te trahissent, et quelque chose dans la manière de souffler la fumée de ta cigarette, quelque chose dans la manière de faire tomber ta cendre, ne me mens pas, n’essaie pas, je t’observe, je t’épie sans cesse, je ne te quitte jamais des yeux, je connais le moindre de tes gestes, je sais tout de toi, n’essaie pas de te voiler dans le mystère, je te perce à jour, j’écarte le voile, tu n’as pas de secrets, tu n’as pas de zones d’ombres pour moi, je suis une lumière froide, qui dissipe les secrets et fait reculer les ombres…

    par Frédéric Perrot
  • Boxeur

    Quelle âme se disputera mon corps ?
    J’entends la musique :
    Serai-je entraîné ?
    J’aime tellement la danse
    Et les folies physiques
    Que je sens avec évidence
    Que, si j’avais été une fille,
    J’eusse mal tourné.

    par Arthur Cravan
  • Le renoncement

    À cette époque, la Poméranie était une région de la
    Pologne. Les enfants avaient des parents qui ne parlaient guère que l’allemand, et cependant à l’école, l’instituteur donnait ses cours en polonais, ne s’exprimait que dans cette langue, qu’ils n’avaient pas d’autre choix que de pratiquer. Kurt ne disait rien, éludait les questions qu’on lui posait, ou commençait à bafouiller dès qu’il avait prononcé quelques mots, laissant à quelqu’un de ses camarades le soin d’achever. Entre eux, dans ce contexte surveillé, ils ahanaient un polonais de basse-cour. L’instituteur faisait semblant d’être satisfait.

    par Arnaud TALHOUARN
  • Jean Coulombe

    Tu es la maison immolée
    au coeur du faubourg
    l’odeur âcre du naufrage
    la mer des incendies

    par Jean Coulombe
  • Obscure boutique des médicamants

    Imagine deux sortes d’érotisme : la première est celle du TGV
    lancé à pleine vitesse sur le corps du désespéré qui se jette sur
    la voie. L’autre est celle du serpent et de l’araignée. Les deux sont
    sans limites car elles conçoivent le corps comme illimité alors
    que lui-même, en sa normalité, est incapable de le concevoir.

    par Jean-Paul Gavard-Perret|

A propos du magazine

Népenthès
Népenthès NEPENTHES se voit comme vecteur et réceptacle d'émotion(s) et de passion(s), se partage à peu près également entre poésie et prose, et donne à lire, d'un numéro sur l'autre, une vingtaine d'auteurs, confirmés ou inconnus, auxquels s'ajoutent quelques classiques. Un appel à textes permanent est lancé. "Tout n'est qu'émotion" : c'est tout naturellement que Népenthès a choisi pour épigraphe ces mots de Louis Scutenaire.

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