Les superfemmes
- magazine : Le Crapouillot
- numero : 72 - novembre 1983
- date : 01 novembre 1983
- catégorie : Culture & arts
Sommaire
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Madame Roudy, tu nous embêtes...
« Bonjour madame le ministre » ; « Bonjour madame la ministre ». Les huissiers du ministère des Droits de la femme ne savent plus à quelles saintes se vouer. Quelle formule doivent-ils utiliser pour ne pas choquer le féminisme à fleur de peau d'Yvette Roudy, locataire depuis deux ans de cette noble maison installée au 53 de l'avenue d'Iéna ? Le problème n'est pas totalement nouveau pour eux. Il y avait déjà eu Françoise Giroud-la-Pionnière et Monique Pelletier-la-Mère-de-famille. Mais, avec elles deux, pas de doute possible : la première méritait à l'évidence, par son passé professionnel de directrice de « L'Express » et son énergie à revendre, un « le » sans équivoque. De même, « madame la ministre » convenait comme un gant à Monique Pelletier, d'abord femme avant d'être ministre.
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Tous ces métiers qu’elles nous prennent
Les hommes ont accepté longtemps sans déplaisir le travail des femmes. Et d'abord, parce qu'ils en profitaient : n'apportaient-elles pas au foyer un salaire d'appoint non négligeable ? Et puis, les emplois qu'elles prenaient ne venaient généralement pas en concurrence de celui des hommes. Si le cas se produisait, même à travail égal, le salaire des femmes était inférieur à celui des hommes : la vanité de ceux-ci n'en souffrait donc pas. Enfin, dans leur immense majorité, leur condition était celle d'ouvrières, d'employées, de dactylos, au mieux de petits fonctionnaires : postières, demoiselles du téléphone , infirmières, etc ... Institutrice était quasiment leur bâton de maréchal.
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Panne séche chez les pétroleuses
" Nous avons appelé à voter Mitterrand. Les femmes se sont jetées dans l'aventure du changement. Cette démarche coïncidait totalement avec celle du parti socialiste de l'époque (...). Cette conjonction n'a pas répondu à nos espoirs . Les mois qui passent accusent un divorce entre le contenu idéologique du parti socialiste et celui du mouvement féministe. »
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Les nouvelles séductrices
Toutes des salopes ? Toutes des putes ? Ou toutes des gouines ? Résumées de diverses conversations de bistrot entre hommes (bien sûr), ces fortes et agressives interrogations témoignent assez fidèlement de l'inquiétude qui règne depuis presque une décennie sur la planète des hommes, pardon, des mecs, comme elles disent souvent aujourd'hui. C'est que leur langage, en même temps que leur image, a considérablement changé sous l'influence - parfois indirecte, diffuse, et du même coup non repérable - du féminisme militant le plus radical.
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La littérature est tombée en quenouille
À dire vrai, la littérature est certainement l'un des premiers domaines où les femmes ont eu droit de cité et permis de travail. Sans remonter jusqu'à la Grèce antique et à la poétesse Sappho - dont la célébrité est peut-être due, toutefois, à des raisons extra-littéraires - on peut constater qu'en France, c'est dès le Moyen Age qu'apparaissent nos poétesses et nos romancières, qu'il s'agisse de Marie de France, au XIIe siècle, ou de Christine de Pisan, prenant en main , dès la fin du XIVe, la défense des « droits de la femme » avec son « Livre des trois vertus ».
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Ces dames au pouvoir
Stupéfaction à la mairie de Marseille, en cette soirée électorale du 21 octobre 1945, lorsque le préposé aux résultats de la première élection législative de l'après-guerre communique à l'assistance le nom des élus de la 1e circonscription des Bouches-du-Rhône
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Leurs compagnes en campagne
Monsieur le député a ce cri du coeur: « Dans la vie, il y a trois choses importantes : la politique, la table et les femmes ». Merci pour elles ! Et d'ajouter : « Si ça continue, elles vont nous manger la laine sur le dos ». Monsieur le député a au moins le mérite de dire tout haut - mais quand même pas à la tribune - ce que ces hommes pensent tout bas. Officiellement, le féminisme a le vent en poupe, les mots d'ordre pleuvent : « A bas le sexisme ! », « Le macho et la servante, c'est dépassé », « En avant... toutes ». Mais dans les faits, la réalité est fort différente. La politique et les femmes ne font pas encore bon ménage.
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Les égarées de la terreur
Plus de 26% des femmes dans un secteur « musclé » de l'activité humaine ! Musclé, c'est peu dire puisque ce domaine où la femme a conquis non seulement le droit d'exister mais aussi celui d'occuper les premières places - parfois la première - s'appelle ... le terrorisme international.
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Chères patronnes...
Ne les cherchez pas sur la couverture des magazines, pas plus qu'à la « une » des journaux. Mais elles figurent en bonne place, et en photo, dans les rubriques spécialisées des hebdomadaires et des revues économiques.
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Toutes en scène !
I L y a encore quelques années, l'image de la star était primordiale, avec sa hiérarchie, son cérémonial, ses obligations. La star était élevée sur un piédestal doré par son studio grâce à une publicité habilement orchestrée, reprise par les célèbres commères comme Louella Parsons ou Hedda Hopper et par les« fan magazines ». Comme une souveraine, la star devait abdiquer toute vie personnelle et souvent toutes ambitions artistiques pour durer : une vedette n'était considérée par ses employeurs que comme une travailleuse semblable aux autres, qui pointait chaque jour au studio, et devait fournir la somme de travail que l'on attendait d'elle.
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Elles portent (haut) la culotte
De la garçonne à la femme fatale, cheveux courts ou chevelure d'Ophélie, pantalon ou jupe, regard mutin ou chargé d'une ombre factice, elles ne sont plus un mais mille reflets de la mode d'aujourd'hui.
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La presse enjuponnée
La scène se situe dans un journal radical des années 1880, en cette période foisonnante de feuilles d'opinion. Maurice Talmeyr la raconte dans ses « Souvenirs de journalisme ». « Lorsque j'allais à l'..., entre cinq et six heures, j'y voyais souvent dans l'antichambre une jeune femme de pauvre mise qui attendait sur une chaise avec un air malheureux. Elle faisait des pauses interminables. On entrait ? Elle était là. On ressortait au bout d'une heure ? Elle était encore là.
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Le crépuscule des hommes
Le MLF a repris à son compte une phrase célèbre d'Aragon : « La femme est l'avenir de l'homme ». Cette phrase signifie que l'homme appartient au passé - un passé dont il faut faire « table rase ». L'utopie de l'avenir sera donc « antimâle », « Les femmes ont, selon moi, une vocation révolutionnaire globale », affirme Gisèle Halimi (La cause des femmes). Dans « L'avènement de la femme », ouvrage dans lequel il entend faire l'« autocritique de six mille ans d'ordre masculin », Roger Garaudy reprend à son tour avec force cette idée que les « valeurs féminines » sont les valeurs de l'avenir. « Il appartient aux hommes, conclut-il, de prendre conscience qu'au sens le plus littéral, sans féminisation de la société, l'humanité tout entière ne peut escompter aucun avenir ».