Numéro 1
- magazine : L'impossible
- numero : 1 - 2012
- date : 01 mars 2012
- catégorie : Actualités
Sommaire
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Le déjà là qui n’est plus là
Les enfants sont violents à l'école. Très vite, ils cognent : la maîtresse, même si elle est jolie, ou ils donnent un coup de couteau au voisin. Bref, ils s'énervent.
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La table ouverte de Xavier Denamur
Au tout début, bien avant le film, il y a un combat contre l’injustice, contre les incohérences, et ça, je crois que ça me vient de l’enfance.
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Les assassins ordinaires
C’était avant, au Liban, quand l’armée syrienne occupait encore le pays. Il n’était pas 7 heures du soir mais il faisait nuit noire. L’éclairage public était éteint et les maisons restaient obscures le long de la petite route menant à la capitale du Nord. Aucune circulation.
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Les indifférents
Dans cette campagne neigeuse-immobile, gracieuse-déserte, horizontale, où de rares voitures roulent lentement sur le verglas, il y a quelques années, dans le village d’à côté, on a garanti l’anonymat à ceux qui auraient besoin de la banque alimentaire. Non, Banque Alimentaire, avec des majuscules et des dons en sortie de caisse. Les pauvres, on les bourre de nouilles et de riz, on les cale, on leur balance le sucre blanc, l’huile, ni olive ni rien. Régime de guerre.
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Femme libre de Gaza
À la sortie d’une exposition d’art contemporain dans un quartier populaire du Caire, elle surgit d’une ruelle et vous saute au cou. Vous ne la connaissez pas, vous ne l’avez jamais vue.
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L’Impossible est en cours
Mode d'emploi de cette chronique
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Grands enfants
La première fois que j’ai été en contact avec un Arabe, j’étais déjà grande enfant, dix ans peut-être. C’était un homme réservé, mince et plus petit que sa femme, Thérèse, une Française qui avait l’élégance d’une professeure d’anglais. En fait, elle était chauffeur de taxi et lui aussi.
- Fabrice Epelboin
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I.
Extraits de la « Lettre ouverte et écorchée à tous ceux qui estiment qu’avec 456 euros par mois nous parasiterions la société française »
- Printemps
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Une saison dehors
L’été passé, quelqu’un m’a fait remarquer que sur mes souliers de travail, il était écrit « art ». On m’a même dit que c’était une bonne marque – chère en tout cas. Je n’en défais jamais les lacets : pour les attacher je les passe simplement derrière les crochets. J’aime leur poids, bien que pendant les jours chauds de l’été, on est mieux dans une paire plus légère. Je les ai achetés à Emmaüs. Peut-être huit euros, en tout cas moins de dix. Une bonne affaire pour un peintre qui passe son temps dehors, très loin du monde de l’art.
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Où sont les morts dont nous habitons les maisons?
Il y a des larmes encore, mais nous ne les voyons pas. Il y a des rires encore, mais ils ne nous atteignent pas. Il y a une inquiétude encore, puis la terreur, mais nous nous tenons hors de ce cercle et nous l’ignorons. Il y a des marques – sur la porte, une entaille, qui dit que l’enfant a grandi ; sur le sol, qui dit des meubles disparus, des pas, l’habitude d’une vie ancienne. Il y a trois noms devant l’immeuble : Julius Wellenstein, Anna Wellenstein, Franz Wellenstein.