Orgasmes
- magazine : Dissonances
- numero : 27 - 2015
- date : 16 janvier 2015
- catégorie : Culture & arts
Sommaire
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Egoïste
Ma toute belle se renverse et, m’agrippant aux fesses, elle se fend et m’enfonce, d’un seul coup, jusqu’au bout. J’y ai à peine le temps d’un éblouissement que "Tu fais quoi ?" elle active : concentrée - les yeux clos - elle reflue, me reprend, me...
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L’infixable solennité du jouir
Je n’ai aucun souvenir de mon premier orgasme. Âge, partenaire ou absence de partenaire, lieu, position, affiches scotchées au mur, larmes post-coïtales, forme du sexe ou des doigts… C’est la première fois que...
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Tractus optique
Homme penché, d’entre les âges, d’entre la terre retournée, tu marches par devers les abîmes, membres croisés puis décroisés. / Glisses le long de la rambarde, manques de t’effondrer, plisses les yeux, puis te redresses et te diriges vers le...
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Something’s got to give
- Tu savais que mon père a couché avec Marilyn ?
- Pardon ?
- Oui, Marilyn !
- C’est qui, sa coiffeuse ?
- Monroe, enfin !
- Ton père ? Misère…
- Non ! Je t’assure ! Tu... -
Vas-y Jackie !
Il est neuf heures pétantes quand Jackie pousse la porte de la salle de sport. Cinq minutes d’échauffement au rameur bien à fond et, quittant son jogging, Jackie nous apparaît en toute majesté, Venus Musculator au torse colossal auquel est ajusté...
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Par où tu passes
Tu me parles toujours des mêmes paysages. Un ruisseau qui serpente, qui te chatouille les orteils, puis des ruisseaux, arrivant de partout, qui se concentrent pour faire des vagues, des petites vagues d'abord, qui te font frémir les mollets et te mordre les lèvres, puis des vagues moyennes – et tu mimes alors de tout ton corps...
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Le Chant de sa tête contre le mur
Elle a posé la bouteille de vodka
Et s’est mise à pleurer.
Le salon était triste et encore rempli
Des cris et des larmes des heures passées.
La nuit était là et détériorait tout
La nuit était atroce et n’en finissait plus
Depuis combien de temps si longue
La nuit avait commencé par des cris
Enfermés dans l’appartement, dans le... -
Wanking-class hero
L'embarras de mon pote quand sa copine découvrit la cassette dans le
magnétoscope"c'était un jour où tu n'étais pas là"
l'embarras terrible - mais drôle
quand sa copine m'a demandé mon avisj'ai toujours bouffé du porno
internet c'est avant tout ça
l'annuaire et... -
Plic
Couloir silencieux. Tomettes. Demi-jour. Femme adossée. Homme à peine appuyé contre elle. Je ne sais pas ce que je fais. Membre dilaté tiré hors de son enveloppe textile. Verge défroquée qui hoquette un orgasme. Foutre tombant sur...
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Jouir, tenir
La nuit se retire
Ton orage de désir insatisfait
Et le mystère de cette hargne haine
Réveillé bandant agité de vertiges et cauchemars
Tes sueurs partout sur l’oreiller la couette
Les murs peut-être humides à force
Le corps flou assemblage comme dans le brouillard de pièces détachées
Combien de fois as-tu cherché dans ton sommeil trituré
une jambe un bras la chair qui... -
Stellaire
Elle avait baisé avant, elle avait fait l’amour avant, elle avait joui avant.
Mais c’est lui qui l’a rendue femme.
Il la dilate si fort, si large, et si profond quand il est en elle. Il provoque l’extase des larmes. Il l’entoure, il la protège. De son buste large il l’enveloppe toute entière. La dilatation qu’elle sent alors autour d’elle est semblable à... -
L’appel des appels
L'orgasme, franchement c'est facile.
Ça crie un peu dans l'entre-jambes, ça se joue appel des appels.
Ben oui, c'est facile.
On craint la lutte, l'échauffement, mais on se brûle.
On s'écoute, on s'affole. Et puis quoi, l'orgasme, c'est le pain du pauvre.
Ça comble les interstices, ça donne de la... -
Anatomies parallèles
Dans les rêves d’Aria, elle courait en robe fourreau, sur un gigantesque green, swinguant avec des battes hypertrophiées dans des balles d’or qui s’élevaient en l’air, répandant paillettes et arcs-en-ciel sur son visage, et sur le visage de cette poupée masculine qui lui ressemblait étrangement. Parfois, enfin, elle plongeait dans le dix-huitième trou, qui devenait...
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Rgsm
Allez savoir le pourquoi de tant de plaisirs
ils les ont tant cherchés en eux-mêmes
jusqu’à ce que la tête se fende
d’une quête primale
entre les jambes
/
en bordure des plaisirs planifiés
palpite la peau dès que... -
Six ans et balançoire
Deux anneaux blancs dans des spirales de fer
Deux cordes rêches sèches coupantes
Balançoire au jardin
Au vent
Et à la force
Promesse d'envolée
Six ans et balançoire
Toute excitée de prunes
Et de... -
Le Pen à jouir
Je revois le mur sur lequel ces mots peints à la hâte, d’une taille démesurée : « Je suis homme avant d’être Français » et la fierté que je concevais d’en comprendre le sens, chaque fois renouvelée, lorsque notre voiture le longeait, tout près des quais de Seine. Par contre, celui qui portait l’inscription « Le Pen à jouir », à la sortie de Fontainebleau, ce graffiti-là m’échappait...
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Brèche
Aimer l’haleine de cette ville
fétide et longue
les murs aux senteurs d’urine
toute cette vulve béante
vomissant des veaux
aux couilles ordurières.
Les ruines graphiques
dressent un décor du... -
Organismes vivants
Or, faire l’amour. Organismes vivants, individus, or dans les corps, corps organisés, menés par les orgues de barbaries qui chantent, chutent les corps mais tendus, bien tendus les gonades enivrées que nous sommes avant l’eau qui coule, avant, l’eau dort, les os ne sont plus qu’un vieux souvenir. Les points titillés la peau pas tilleul qui parle qui...
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Sex-teto
Fermement ses mains l’enserrent, caressent ses anches libres, pénètrent dans le cuir, se chauffent et se dilatent au gré des tessitures, baisant le bois, les nacres, l’acier ou le laiton. Une fois encore, Astor s’accouple au bandonéon. Et les groupies argentines regardent son soufflet grandir et s’allonger, revenir et diminuer, enfler pour...
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À corps perdus
Hors ma vue, résidu de culbute! Pas d’histoires entre nous. La mort n’en a pas. Tu tripotes encore la vie, avec tes gants de vierge moite. Essaie-les en peau de verge retournée, tu pâliras. Il ne faut avoir d’yeux qu’en face des trous mais toi, tu ne l’as même pas creusé ton trou. Tu en es à racler ta première couche. Disparais de l’orbite ou baise ton...
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Des chiots baveux
Il prépare sa pipe à défonce, les canettes s'entassent, l'ivresse le couche à l'horizontale, rêve de pénétrations taxées. Préviens-la quand tu vas jouir, il sent que ça vient, elle avale tout, il stoppe sa remembrance.
Quoi de neuf ? Rien. Alors casser l'aquarium, le téléviseur, les nouvelles du monde. Une fille étale sa coke sur ses... -
DISPERSION : ORGASMES et LITTERATURE
"Nous nous allongeons ensemble et faisons l’amour, doucement, tendrement, nous nageons en plein amour, et pour la première fois, l’orgasme m’envahit par surprise, sans que j’y pense, presque paisiblement, comme une aube qui se lève lentement, un lent épanouissement né de l’abandon, de la décontraction, né du non-être."
Anaïs NIN, Inceste -
DISSECTION : questions à Ivar CH’VAVAR
Écrivez-vous plutôt « pour » ou « contre », « dans » ou « hors », « malgré » ou « à propos de » ?
Contre. Il me faut écrire contre – les habitudes acquises, les certitudes des poètes, les « savoir-faire » qui nous enferment, le « poétique », les mots qui poussent pour être les premiers, le phrasé « naturel », etc. Contre tout.
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DISJONCTION : regards croisés sur “BREVIAIRE DU CHAOS” (Albert CARACO)
« J'élève un chant de mort et je salue le chaos montant de l'abîme et la terreur antique revenue du fond des âges ! » De fait : les cent-vingt textes d'une page qui constituent l'ensemble du Bréviaire du chaos sont un sommet inouï de poésie barbare tendance Fin des temps en même temps qu'autant de coups de boule sanglants dans les faces de l'Homme et d'une Modernité que Caraco...
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DISSIDENCES (retours de coups de cœur de lecture)
"LES FIDELITES" (Diane BRASSEUR)
"AUJOURD'HUI L'ABÎME" (Jérôme BACCELLI)
"GROSSES JOIES" (Jean CAGNARD)
"PIERRES QUE LA MER A CONSUMEES" (Laurent CENNAMO)
"FREDERICK" (Thierry CLAIR-VICTOR)
"EN FIN DE DROITS" (Yvon LE MEN)
"CORDEL CHEMINOT" (Fred SOCHARD)
"ARISKO PALACE" (Ritta BADDOURA)
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DISGRESSION : Judith SCOTT par Anne MONTEIL-BAUER
Pris dans le diktat des choses à faire, qu’est-ce qui fait qu’on pousse une porte plutôt qu’une autre ?
Être plume, être fil, presqu’invisible, ne vous frôler que par la caresse.
Pas de tsouin-tsouin, pas d’œillades, pas d’arrières pensées, pas de bras de fer.
Une parenthèse, dont le corps de chacun forme les accolades.
L’essentiel surgi et partagé.La première fois que j’ai poussé la porte de la Collection d’Art Brut de Lausanne, il y a une dizaine d’années, je ne me souviens pas vous y avoir vue.
N’y étiez-vous pas encore ou ne savais-je pas encore voir ?C’est la deuxième fois, que je vous ai...