Ossip Mandelstam
- magazine : Europe
- numero : 962 - 2020
- date : 13 avril 2020
- catégorie : Culture & arts
Sommaire
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Le verbe et la culture
Une conception de l’intégrité du mot poétique
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Ossip Mandelstam
Trouveur d’un fer à cheval
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Épigrammes et vers burlesques
L’oeuvre des grands poètes déborde des cadres où l’on est parfois tenté de
l’enfermer. C’est ainsi que le sourire n’a jamais déserté la poésie de
Mandelstam, pas plus qu’il ne fut absent de l’aventure d’un Mallarmé en
ses très hautes exigences. Et le rire même, la tendre ou la féroce ironie, la
satire, le burlesque et la parodie ont jailli en maintes circonstances dans les
vers du poète russe, comme en témoigne ce petit florilège. -
Ossip Mandelstam à Paris
Au printemps 1907 Ossip Mandelstam termine ses études à l’Institut
commercial Ténichev et le 15 mai il obtient son attestation de fin d’études
secondaires (enregistrée sous le n° 24). Pour s’inscrire en bonne et due
forme à l’université de Saint-Pétersbourg il aurait fallu qu’il passe des
examens de langues anciennes (ce qui n’était pas prévu à l’Institut Ténichev).
Le 13 août il demande donc son inscription en tant qu’auditeur libre à
la Faculté des sciences naturelles, de physique et de mathématique. -
La petite cour de la Mosquée d’Erevan
C’est en octobre 1970 que le biologiste et entomologiste Boris
Kouzine (1903-1975) rédigea ses « Souvenirs » sur Mandelstam dont
nous publions ici un chapitre. On sait combien les relations de sympathie
étaient vitales pour le poète. Sa rencontre avec Boris Kouzine à Erevan
au début de l’été 1930 fut un événement important dans sa vie. « L’amitié
comme un coup de feu m’a réveillé », devait-il écrire en août 1932 dans son
poème « À la langue allemande » dédié à Boris Kouzine. - Retour aux origines et science du vivant dans le Voyage en Arménie
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Compléments au Voyage en Arménie
Le Voyage en Arménie fut publié pour la première fois en 1933 dans
le n° 5 de la revue Zvezda (« L’Étoile »). Les pages qu’on lira ci-après
sont tirées des Carnets 1931-1932. Il s’agit d’esquisses et de fragments
que le poète n’avait pas intégrés au texte publié. Ils ne figurent pas dans
les éditions françaises du Voyage en Arménie. L’édition de référence de
ces addenda est celle des Sobranie sočinenij (tome III, New York, 1969),
le texte étant établi à partir d’une copie dactylographiée de l’original et
de la version publiée en 1968 par Irina Semenko dans la revue Voprosy Literatury. - Arménie
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L’exil à Voronej
D’Anna Akhmatova à Nadejda Mandelstam, d’Irina Odoïevtseva à
Emma Guerstein, de Guéorgui Ivanov à Ilya Ehrenbourg, divers auteurs
ont évoqué Ossip Mandelstam dans leurs mémoires, que ce soit en lui
consacrant plusieurs volumes ou quelques lignes. Les souvenirs de
Natalia Chtempel se distinguent par un détachement qu’on ne saurait
assimiler à de l’indifférence. -
Mandelstam et Khlebnikov
Dans un entretien marqué au sceau de la sagesse et de l’humour un
éminent universitaire français dénonçait naguère la frivolité et la mondanité
des associations et oppositions formelles de type scolaire qui constituent
l’inexhaustible fonds de possibles dissertations (« Eschyle et Sophocle »,
« Racine et Corneille », « Racine et Shakespeare », etc.) 1. Dans l’article
d’introduction aux oeuvres de Vélimir Khlebnikov, Iouri Tynianov, avec
sa perspicacité habituelle, met en garde contre les dangers de la conjonction
« et » qui, selon lui, risque de masquer la figure originale des phénomènes
associés : « En parlant de Khlebnikov, on peut ne pas parler de symbolisme,
de futurisme et l’on n’est pas obligé de parler de zaum'». -
Mandelstam et les formalistes russes
La prose critique de Mandelstam fait entendre des échos plus ou moins
nets avec les grands principes de la théorie littéraire de ce qu’on appelle le
« formalisme russe » ou « l’école formelle ». Certaines de ces correspondances
ont déjà été relevées par les commentateurs de Tynianov et de
Mandelstam. Il s’agit à présent d’examiner la question dans son ensemble. -
La cloche de la fraternité - Mandelstam et Goumiliov
Après cinq ans d’interruption, Mandelstam renoua avec la poésie en
octobre 1930. Sa femme écrit dans ses mémoires : « Les Nouveaux Vers
sont nés à Tiflis — après l’Arménie. Nous habitions l’hôtel Orient. Il y a
plusieurs dates, la première est celle du 30 septembre… 1 » En trois ans et
demi — jusqu’en mai 1934, c’est-à-dire jusqu’à son arrestation —, c’est un
livre entier que Mandelstam compose. On lui accorde en général moins
d’attention qu’aux autres ; peut-être parce que les poèmes de ces années
semblent plutôt simples, clairs et transparents. Autant dire qu’il n’y
aurait rien à éclaircir. -
Notes sur la prose de Mandelstam
Angelo Maria Ripellino (1923-1978) fut à la fois un remarquable
poète (cf. Europe n° 897-898, janvier-février 2004) et un éminent
slaviste, auteur notamment de Praga Magica (Plon, « Terre humaine »,
1998) et des Chemins du merveilleux (Denoël, « Les Lettres nouvelles »,
1977). Les pages que l’on découvrira ici forment une manière de diptyque.
Le texte initial est le compte rendu de l’édition américaine en langue russe
du premier volume des proses de Mandelstam. Cette critique fut publiée
dans L’Espresso du 25 juin 1967 et servit quelques mois plus tard de
préface à la première édition italienne de La Quatrième Prose (Bari, De
Donato, 1967). C’est dans ce même livre que l’éditeur inséra une lettre que
Ripellino lui avait adressée et que nous offrons à notre tour à nos lecteurs. -
L’élan vital dans l’oeuvre de Mandelstam
L’un des traits les plus frappants de l’oeuvre d’Ossip Mandelstam est
la coïncidence de la veine lyrique et de son retraitement intellectuel —
ce dont Gottfried Benn faisait la marque principale de la poésie moderne
telle que, selon lui, elle émerge chez Nerval. La philosophie est organiquement
prise dans le tissu du vers mandelstamien et revêt chez lui une
importance peut-être plus grande que chez Pasternak, qui étudia la
philosophie dans les mêmes années (1910-1912) et qui fondait en elle
de grands espoirs. -
“Comme un enfant”
L’objet d’amour est toujours objet d’analyse inconsciente, et mon
propos ne se justifie que de ce titre. Il ne prétend à aucun autre statut que
celui d’une analyse inconsciente ou — mieux — d’une synthèse intuitive.
Il se compose de ces motifs assez disparates qui m’ont traversé l’esprit
à la lecture du poème de Mandelstam Au monde souverain… -
Politique de Mandelstam
Voici le corps de Mandelstam ou, si l’on préfère, l’individu se faisant
sujet historique.
1er janvier 1917. Saint-Pétersbourg. Cabaret artistique du « Chien
errant ». Salle bondée.
Sur la petite scène le poète est debout, tête levée, yeux clos, il incante, il
crie. Témoignage d’Elena Tager : « Sa façon de réciter était plus que
rythmée. Il ne scandait pas, il chantait comme un sorcier possédé par une
vision. Il chantait sans retenue, haussant la voix jusqu’au cri sur les syllabes
accentuées. » -
La composante picturale française dans le monde poétique de Mandelstam
L’intérêt indéfectible de Mandelstam pour la France tient à des
données autant biographiques que proprement esthétiques. D’un côté il
y a des impressions d’enfance (par exemple le souvenir des gouvernantes
que le poète évoque ironiquement dans Le Bruit du temps : «…les
chansons, les autorisations de résidence, les morceaux choisis et les
conjugaisons faisaient retomber ces Françaises […] en enfance. -
Chevauchant la langue avec les mots d’Ossip.
D’Ossip Mandelstam, et de sa poésie (dont la chance, la première
des chances est, comme pour toute poésie, de simplement exister, de
donner la parole au témoin), Celan n’est pas uniquement le traducteur,
le premier, le plus remarquable.