Visages de la sincérité
- magazine : Revue des Deux Mondes
- numero : 201202 - 2012
- date : 01 février 2012
- catégorie : Actualités
Sommaire
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Manet, Sainte-Beuve, Gracq...
Journal littéraire - Mardi.
Après lecture du Sollers, l’Éclaircie, en regardant les tableaux de Manet.
Les fleurs. Pivoines, roses, etc. La pâte blanche, ivoire des pétales. On dirait de la crème à la vanille fraîche, onctueuse. À côté, posé sur le bois de la table, il y a le sécateur. Sa lame coupante brille dans l’ombre. Effusion érotique entre cette fraîcheur de mousseline et l’acier coupant. -
Femmes de
Jacques et Bernadette Chirac ont évoqué mille fois les circonstances de leur rencontre. Tous deux venaient d’être admis à Sciences Po et étaient inscrits à la même conférence de méthode. Au terme de la première séance, le futur président de la République se rendit à la bibliothèque et y croisa Bernadette Chodron de Courcel, les bras chargés de livres. Il en conclut que cette discrète camarade de promotion ferait une excellente recrue pour le groupe de travail qu’il s’apprêtait à constituer. Impressionnée par l’abattage du jeune étudiant, la douce Bernadette ne tarda pas à se mettre à son service. Pendant toute l’année, elle s’usa les yeux à résumer les ouvrages qu’il ne prenait pas la peine de lire...
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La compagnie de Maurice Chevalier
Ionesco l’admire. Marcel Achard aussi. Elsa Triolet l’adore. Comme la duchesse de Windsor et Louise de Vilmorin. Sartre lui demande un exemplaire dédicacé de ses mémoires. Et Johnny Hallyday des conseils. Poulenc affiche son respect. Matisse ne rate aucun de ses spectacles, qui lui rappellent les dessins de Fantin-Latour. Il inspire Colette, puis Modiano. Marlene Dietrich qui, sur le tard, s’est mise au music-hall, lui écrit : « J’ai toujours su que tu es le plus grand. Mais depuis que j’ai envahi ton métier, je suis à genoux. »
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“Je me sens vidé, vice”
Correspondance inédite de René Crevel à Tota Cuevas.
Ces lettres de René Crevel à Tota Cuevas paraîtront à l’automne 2013 accompagnées de nombreuses autres correspondances inédites, d’un roman jusqu’alors inconnu et d’une centaine de dessins aux Éditions du Seuil dans la collection « Fiction et Cie ». Cette publication permettra de rendre à Crevel sa juste place. Avant tout comme un écrivain. Loin de l’image du jeune homme bisexuel, brillant et souffreteux qui ne cesse (malgré quelques travaux passionnants publiés ces dernières années) de lui coller à la peau... -
“J’aurai été le premier à écrire ce nom”
L'amitié Mauriac-Sollers.
La figure du jeune homme se retrouve souvent dans l’oeuvre de François Mauriac. Ce dernier a d’ailleurs consacré un petit essai (1) à ce thème, qui réapparaît sous d’autres formes au cours des années. Qu’il s’agisse des grandes admirations comme celle qu’il porte à Maurice de Guérin ou à Rimbaud, des amis tombés au champ d’honneur, André Lafon et Jean de la Ville de Mirmont, ou de rencontres ultérieures comme Jean-René Huguenin, dont il préfacera le journal posthume, Mauriac se révèle sensible à cet âge de la vie où s’épanouissent toutes les promesses. Dans sa bienveillance, il accueille et encourage les initiatives. -
Ingeborg Bachmann, Paul Celan : leur amour
Ingeborg Bachmann et Paul Celan se rencontrèrent pour la première fois à Vienne, en Autriche, dans l’atelier du peintre Edgar Jené, le 16 mai 1948. Quelques jours plus tard, après l’avoir revu, la jeune femme de 21 ans, étudiante en philosophie, qui avait déjà commencé à écrire des nouvelles (le Passeur, qui fut sa première publication), confiait à ses parents :
« Le poète surréaliste Paul Celan, dont j’ai pu faire la connaissance en compagnie de Hans Weigel avant-hier soir, et qui est très fascinant, est merveilleusement tombé amoureux de moi, et cela met un peu d’épices dans ma vie sinistrement laborieuse. »...