Spécial Gérard Philipe
- magazine : Cahiers Jean Vilar
- numero : 114 - 2013
- date : 01 février 2013
- catégorie : Culture & arts
Sommaire
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Récit d’une vie
Avec 30 films, 9 courts métrages ou documentaires, et 20 rôles au théâtre – 605 représentations, dont 199 du "Cid" et 120 du "Prince de Hombourg" – Gérard Philipe est l’icône de la génération d’après-guerre assoiffée de lumière et de liberté. Sa carrière fulgurante de 17 ans ne l’a pas empêché d’être un citoyen engagé au service de la paix et de la justice sociale. Il était encore un fils, un mari et un père fort attaché à sa famille. Trop courte mais si belle vie [...]
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Gérard Philipe vu par...
Marc Allégret, Aragon, Claude Autant-Lara, Michel Bouquet, Alexandre Calder, Marcel Carné, Maria Casarès, René Clair, René Clément, Jean Cocteau, Rosine Delamare, Armand Gatti, Christian-Jaque, Maurice Jarre, Georges Le Roy, François Mauriac, Silvia Monfort, Germaine Montero, Michèle Morgan, Georges Perros, Henri Pichette, Svetlana Pitoëff Micheline Presle, Serge Reggiani, Alain Resnais, Claude Roy, Jacques Sigurd, Daniel Sorano, François Spira, Vercors, Jean Vilar, Georges Vitaly, Georges Wilson [...]
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Témoignages inédits : “Il était exemplaire”
Je suis entrée au TNP au début de l’année 1953, pour remplacer Jeanne Moreau dans "La Nouvelle Mandragore" de Jean Vauthier. J’ai ensuite joué Louise dans "Lorenzaccio", les deux pièces étant mises en scène par Gérard Philipe qui tenait le rôle de Callimaque dans la première et de Lorenzo dans la seconde. Puis il y eut "Ruy Blas", en 1954, dans la régie de Jean Vilar. Gaby Sylvia ne se sentant pas à l’aise, Gérard et Vilar m’ont demandé de re- prendre le rôle de la Reine. J’avais assisté aux répétitions comme « première suivante », je n’étais pas préparée à une telle responsabilité. Gérard m’a conseillé d’aller travailler avec Georges Le Roy, son ancien professeur du Conservatoire. Ce que j’ai fait [...]
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Témoignages inédits : “Je me souviens...”
Je suis le 2e officier. Celui du "Prince de Hombourg". De 1951, cela va de soi... Et je viens d’entrer dans ma quatre-vingt-dixième année, le 19 juin dernier. Et s’il n’en restait qu’un... Pour raison matérielle, j’avais accepté, en avril 1950, d’être la doublure lumière de Gérard Philipe au cinéma. Il tournait "Souvenirs perdus", sous la direction de Christian-Jaque. C’était la première fois qu’on lui en accordait une. Présentation faite, j’ai gagné sa sympathie. Il apprit que j’étais comédien et me respecta comme tel. J’ai renouvelé l’expérience dans Juliette ou la clé des songes, bien que Carné fût réticent [...]
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Témoignages inédits : “Octave incarné”
J’ai peu connu Gérard Philipe, car lorsque je suis entrée au TNP en 1956, il s’en était éloigné pour deux saisons. Cependant, je ne peux oublier son retour à Avignon en 1958 pour "Les Caprices de Marianne", spectacle qui est resté pour moi le plus beau, le plus achevé que j’aie vu au Festival. Le dernier filage laissait craindre que le rythme soit trop lent. Le lendemain, cette lenteur s’était transformée en poésie enveloppée par la musique de Maurice Jarre. Gérard Philipe était Octave incarné, face à Geneviève Page idéalement Marianne [...]
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Témoignages inédits : “Un si beau-père”
Il avait une beauté vertueuse et je découvrais qu’il avait aussi une famille morale. Je comprenais surtout que son éclatante et persévérante postérité devait sans doute à la grâce que le ciel lui avait donnée et si tôt retirée, mais plus encore à l’emploi exemplaire que, dans sa brève existence, il avait su faire de ses dons [...]
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Un mythe ou un homme ?
D’aucuns parlent de mythe à propos de Gérard Philipe. Mais Gérard Philipe n’est pas un mythe, c’est un homme. Le terme de mythe est passé dans le vocabulaire courant, et pour ma part je m’en méfie beaucoup. Je ne suis pas un barthophile fana- tique, mais je trouve cependant très juste Roland Barthes lorsqu’il affirme, je cite de mémoire, qu’un mythe ne peut sortir de la nature des choses. Par définition, un mythe renvoie au mensonge, à l’artifice. Le concept s’accommode donc mal de Gérard Philipe. Un mythe est une construction, une déformation de la réalité, une simplification ou une amplification de celle-ci. Il serait criminel de s’abstraire de la nature de Gérard Philipe qui, de surcroît, est proche de nous. Il n’est pas dans la légende [...]
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Petit récit d’apprentissage
Une adolescence d’emprunt.
Ce pouvait être à St Honoré-les-Bains, à moins que ce ne soit à La Bourboule, au Mont-Dore, à Andernos, dans une de ces stations thermales où mes parents m’avaient envoyé tour à tour en pension chaque début d’été, avec l’espoir que je reviendrais, sinon guéri, au moins partiellement soulagé de ce mal asthmatique qui avait oppressé mon enfance et mordait mon adolescence, à l’heure des premiers émois et des ostentatoires solitudes. Je n’avais pas encore quinze ans [...] -
“J’imagine mal la victoire sans toi...”, lettres, notes, propos (1951-1959)
Une correspondance entre Jean Vilar et Gérard Philipe qui nous fait pénétrer dans les coulisses d’une légende.
Jean Vilar, Gérard Philipe : deux noms qui restent associés à la renaissance du théâtre, national et populaire, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale et aux plus belles années du Festival d’Avignon. Les lettres qu’ils échangèrent de 1951 à 1959 constituent un des fleurons du Fonds Jean Vilar détenu par l’Association Jean Vilar. Elles sont enrichies pour cette édition d’extraits d’écrits de Vilar et de documents divers conservés au Département des Arts du Spectacle de la Bibliothèque nationale de France ou à la Bibliothèque du Film, dépositaire d’archives familiales de Gérard Philipe [...]