Philippe Corcuff
- magazine : Nectart
- numero : 13 - 2021
- date : 29 juin 2021
- catégorie : Monde & société
Sommaire
-
Valérie Chevalier
« Quel accès
à la culture
et pour qui ? » -
Philippe Corcuff
Auteur en mars dernier de La Grande Confusion, une somme qui dé- montre par le détail et l’exemple comment l’extrême droite gagne peu à peu la bataille des idées, Philippe Corcuff revient dans cet entretien sur le mécanisme du glissement idéologique vers l’ultra-conservatisme, sur les raisons de l’effondrement de la gauche, mais aussi sur la nécessité de réhabiliter les sciences sociales, d’investir l’espace public avec un discours raisonné, de combattre les identitarismes et de mobiliser les cultures populaires pour créer une familiarité avec la vie ordinaire des personnes et révéler leur esprit critique.
-
Le cyber-baroque comme fait culturel total
Consacrés par la parenthèse inédite
du confinement qui a créé une contraction de l’espace-temps, les usages numériques privatifs et distanciels (selfies, séries, stories et streams, via les réseaux sociaux et les apps) peuvent être désormais considérés comme un fait culturel total. Ils produisent une nouvelle esthétique du fragment, de l’instantané et de l’éphémère, caractéristique du cyber-baroque, dans un espace public façonné par les plates- formes. Ces nouvelles formes de socialisation créent néanmoins de nouvelles fragilités, auxquelles doivent répondre les politiques publiques de la culture. -
Que pèsent les politiques culturelles à l’heure de Netflix et YouTube ?
Conçues dans un monde figé pour favoriser la diffusion d’une offre artistique et
la préservation du patrimoine, les politiques culturelles apparaissent de plus en plus inadaptées au contexte d’aujourd’hui, dominé par les usages numériques « bottom-up » et l’hégémonie des GAFAM. Des réponses existent pourtant, tant à l’échelle locale que nationale et européenne. -
Le triomphe du “distanciel” ou la mort de la conversation ordinaire
Devenus la norme à l’occasion des confinements et de la généralisation du télétravail, les échanges en « distanciel » viennent rappeler que les progrès techniques de communication et l’intelligence globale ne suivent pas forcément la même courbe, et que la conversation, par son « langage corporel » et son pouvoir de socialisation, reste indispensable à l’activité humaine.
-
Le mensonge en politique
Loin d’être un phénomène nouveau, les fake news, certes accélérées dans leur propagation par les réseaux sociaux, ne sont pas réservées aux seuls internautes. Elles s’inscrivent dans une longue histoire de diffusion d’informations mensongères de la part des autorités pour renforcer ou maintenir leur pouvoir.
-
La culture, ensemble ?
Si nous pouvions encore en douter,
les épisodes successifs de confinement, en nous privant de sorties culturelles partagées, l’ont confirmé de manière empirique et implacable : la culture est d’abord le lieu du rassemblement où se fabrique la ville et où se construisent les récits communs. -
La mondialisation du patrimoine
À l’origine monumental, ethnocentré
et circonscrit aux frontières nationales,
le patrimoine, qu’il soit matériel ou immaté- riel, est désormais mondialisé. Face aux nombreuses menaces dont il fait l’objet (destructions volontaires ou accidentelles, mais aussi tourisme de masse et marchan- disation), l’Unesco et d’autres organisations internationales proposent aux États
des politiques publiques entre universalisme et particularismes. -
Pourquoi nous devons inscrire Facebook à la liste des Héritages de l’Unesco
Parce qu’elles constituent une formidable
photographie de la société humaine du début e
du XXI siècle, les milliards de données collectées par Facebook doivent devenir un bien commun et être protégées par leur inscription à l’Unesco comme objet patrimonial numérique, en mobilisant le principe de valeur universelle exceptionnelle. Audacieuse et semée d’embûches, la démarche est loin d’être utopique. En voici les principaux arguments et les principes de faisabilité. -
Comment Netflix bâtit son empire
De simple distributeur, Netflix est devenue une usine à produire des contenus originaux dans une logique d’exclusivité et de « glocalisation ». Non sans conséquences sur l’affaiblissement des acteurs traditionnels et sur l’amplification d’une certaine standardisation des contenus, cette stratégie lui vaut de dominer le marché mondial de la vidéo à la demande.
-
Amazon : après moi le déluge !
Le groupe américain continue de faire rêver certains élus locaux qui ne voient pas plus loin que la promesse, souvent déceptive, d’une création d’emplois. Pourtant, la stratégie hégémonique de l’entreprise continue d’avoir des effets destructeurs, tant aux niveaux social et économique qu’environnemental.
-
La culture passe-t-elle enfin au vert ?
Économies d’énergie, ressourceries
« culturelles », éco-conception de décors d’opéras, chasse au plastique dans les festivals... Longtemps à la traîne sur le respect de l’environnement, le monde culturel a-t-il lui aussi basculé vers des pratiques
« éco-responsables » ? Les avancées sont évidentes, mais il reste encore à mener une réflexion plus large sur l’évolution
de pratiques moins énergivores.