Les polars de l’été
- magazine : Versus
- numero : 19 - 2010
- date : 01 juillet 2010
- catégorie : Culture & arts
Sommaire
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2ème Festival International du Film Policier de Beaune - Crimes aux quatre coins du monde
Boudée par le public, la première édition du festival du Film Policier de Beaune avait l’an passé laissé un goût d’inachevé chez des festivaliers qui n’y avaient pas vu beaucoup de très bons films. Plus court d’une journée, le cru 2010 semble avoir corrigé certaines erreurs, tout en remplissant enfin ses salles. Mieux encore, on a pu y voir de bons polars en provenance d’horizons très différents, et qui témoignent de la véritable bonne santé du genre.
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A propos de Slice : interview du réalisateur Kongkiat Komesiri
Au Festival du film policier de Beaune en avril dernier, le réalisateur thaïlandais Kongkiat Komesiri, véritable prophète en son pays (avec des hits comme Boxers et Art of the Devil 2), nous a accordé un entretien à l’occasion de la présentation de son excellent et sanguinolent nouveau film, Slice, qui sortira cet automne en DVD. L’occasion de revenir en détails sur ce mariage réussi du polar et du combat politique par une forte tête à suivre de près.
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63ème Festival de Cannes - Face à l’amer
Respectant le fameux adage « les années se suivent mais ne se ressemblent pas », la compétition officielle du festival de Cannes 2010 fut décevante, voire navrante parfois. Absence de grands films et ennui perpétuel pour le festivalier-cinéphile ont gâché ce qui reste tout de même paradoxalement comme le plus grand festival de la planète cinéma.
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Apichatpong Weerasethakul, lauréat de la Palme d’Or 2010
Lauréat du Prix Un Certain Regard pour Blissfully Yours en 2002 puis du Prix du Jury pour Tropical Malady deux ans plus tard, celui qui se fait appeler « Joe » fut honoré par la récompense suprême du Festival de Cannes en mai dernier : une Palme d’or pour Oncle Boonmee, son nouvel objet mystérieux. Un parcours cannois remarquable, arpenté crescendo, qui permet d’établir sans doute possible qu’Apichatpong Weerasethakul se pose aujourd’hui en meneur du Cinéma d’auteur pour le nouveau siècle.
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Les griffes de l’ennui
Vous est-il arrivé de ne plus vous sentir en phase avec votre époque ? D’adopter malgré vous l’attitude d’un vieux blasé ayant tout vu et entendu ? Pire, car vous commencez alors à sentir la naphtaline, soutenir que c’était mieux avant ? Pourtant, malgré vos efforts constants à prétendre que tout va bien dans le meilleur des mondes cinématographiques, une petite voix vous sussure que oui, c’était mieux avant, le festival de Cannes. Pour l’ambiance, les personnalités croisées sur la Croisette, les moments festifs, les starlettes (ah ! que sont les starlettes devenues ?), les parades, etc.
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Détours mortels
Loin des stars et des paillettes du Palais des Festivals, la Quinzaine des Réalisateurs et la Semaine de la Critique ont une nouvelle fois fait la part belle aux jeunes cinéastes, auteurs de premiers ou de seconds long-métrages. Entre découvertes et désillusions, ces deux sections parallèles dressent chaque année un état des lieux du jeune cinéma mondial, sans jamais exclure la question du genre. Revue d’effectif en une dizaine de films inégaux dont quelques pépites amenées à faire date, et la confirmation de l’énorme talent de Quentin Dupieux.
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Pixar, le studio qui fit trembler Disney
Pixar semble voué à aligner les succès sans coup férir. Même après onze films, le studio ne se répète pas et convoque toujours autant l’originalité, la qualité et l’émotion. Du jamais vu. Les raisons d’une telle réussite, si elles sont bien évidemment multiples, prennent cependant leur source dans les traces et surtout les erreurs laissées par Disney, mentor tout aussi structurel que spirituel pour Pixar car il lui permit de développer ses idées les plus folles et de faire la démonstration que l’on peut s’imposer en s’adressant à l’âme enfantine plutôt qu’à la nature éducative du spectateur.
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Summer Wars de Mamoru Hosoda / Paprika de satoshi Kon
Les nouvelles technologies, par le rapport de dépendance, la confusion identitaire et la perte de contrôle qu’elles induisent, suscitent généralement la méfiance voire même la défiance. Si derrière l’écran un autre monde est possible, avec respectivement Summer Wars (sorti le 09 juin dernier) et Paprika (2006), Mamoru Hosoda et Satoshi Kon démontrent qu’il peut être positif en favorisant, dans le monde réel, l’ouverture aux autres sans recourir à des clubs de rencontres dématérialisés ou aux apéros géants de Facebook.
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Entreprises & salariés à l’écran
"C’est dur de faire un film, mais travailler pour de bon, c’est pire !», et c’est Woody qui l’a dit. Derrière la blague, le possible aveu embarrassé d’un réalisateur conscient de l’aura méliorative de sa tâche quotidienne. La question se pose : écrire un scénario, orchestrer un tournage, se prêter à la promotion de son film... ces actions sont-elles plus douces que celles effectuées toute la journée par le spectateur lambda ? Possible. Mais, de surcroît, du simple fait qu’il vienne se divertir le soir venu dans sa salle de ciné, le salarié moyen ne saurait dès lors considérer le medium dans son ensemble autrement que tel un objet purement récréatif. Alors, lorsqu’un cinéaste cherche à raconter le quotidien des travailleurs, quelle pourrait bien être la valeur de son témoignage si le spectateur se doit de supposer qu’il n’a probablement jamais mis les pieds dans un bureau ?
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Salariés des médias et journalistes TV sur grand écran
Le journaliste bénéficie d’un statut particulier dans l’univers hétérogène du salariat, de par sa fonction – produire de l’information publique – et l’autonomie et la liberté dont il est censé jouir dans son travail. En théorie du moins, le «quatrième pouvoir» si cher à Tocqueville se révélant être soumis à des tensions qui compliquent ses missions. La preuve par trois métrages consacrés au medium du XXè siècle le plus puissant : la télévision. De network de Lumet à Révélations de Michael Mann, deux œuvres magistrales auprès desquelles Good night, and Good Luck de Georges Clooney n’a pas à rougir, la preuve par trois que l’influence du petit écran s’est sans cesse réaffirmée depuis les années soixante-dix.
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De la naissance des syndicats ouvriers aux États-Unis
Soupçonnés de frayer avec le communisme depuis leur origine, les syndicats ont eu beaucoup de mal à s’imposer aux états-Unis. Et, paradoxalement, ce sont les ouvriers eux-mêmes qui ont toujours été les plus réfractaires à ceux que l’on appelle les « Union workers ». Hoffa, réalisé en 1992 par Danny DeVito, relate ainsi le long parcours de Jimmy Hoffa, devenu Président du tentaculaire syndicat des camionneurs américains en 1957. norma Rae, réalisé en 1979 par Martin Ritt, raconte, quant à lui, la pénible installation d’un syndicat textile dans l’Amérique profonde, dans le courant des années 70.
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De la lumière à l’ombre
Entrecoupée de petits boulots dont celui de projectionniste de cinéma (d’où son roman Cent mètres de silence), la carrière de James Myers Thompson est intimement connectée au 7e Art, qui s’est rapidement rendu compte de la singularité et du génie de l’écrivain : Kubrick ne s’y trompera pas en l’engageant pour l’écriture de ses Sentiers de la Gloire. L’œuvre de Thompson offre des intrigues dont la force et l’intensité garantissent des métrages séduisants, malgré les défauts et carences qui les caractérisent trop souvent. La seconde transposition par Michael Winterbottom de son Killer Inside Me cet été sur les écrans le confirme encore une fois.
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Autres horizons du polar pour l’été : les thrillers érotiques
Depuis toujours, les films dévoilent. Par volonté esthétique ou par mercantilisme, ou les deux, les corps se dénudent, brièvement exposés ou largement exploités, entre sensualité et pornographie. érotisme et scènes coquines forment une ligne de force régulière dans l’histoire cinématographique. Transversale et fédératrice, elle interpelle avec une franchise ou un enthousiasme des plus divers. L’intermittente vague étasunienne de polars dit érotiques est un épisode opportuniste supplémentaire dans l’illustration de la fesse à l’écran. Un épisode finalement plus prude qu’en liberté.
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A propos de polar estival - Roy Rowland - Solo pour une blonde
En matière d’archétypes, le détective privé relève du cas d’école polaresque et s’impose comme la marque de fabrique stylistique et narrative de l’auteur composant avec son concept. Au milieu des modèles incontournables du genre (Sam Spade, Philip Marlowe, Lew Archer), le brutal Mike Hammer fait office de tendance dure des atavofigures jalonnant le roman noir américain – raide dans le maniement, facile dans la projection. Fait curieux mais fascinant, le personnage – popularisé au cinéma via Ralph Meeker dans le génial En quatrième vitesse de Robert Aldrich en 1955 – fut incarné à l’écran par son propre créateur Mickey Spillane, le temps d’une série B où transparaît indéniablement cette économie de moyens d’expression si chère au romancier lorsque, lucide, il déclarait : « Je n’ai pas de fans, juste des consommateurs ».
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Cinéma d’horreur québécois - deux adaptations de Patrick senécal
Le Québec n’est pas très loin de l’Amérique dirait-on par facétie, et c’est sans doute ce qui confère à son cinéma un pouvoir d’évocation à part. Quand les réalisateurs locaux s’emparent d’un genre où horreur et thriller mêlent leur sang, leurs effusions n’ont rien à envier aux films conçus par les maîtres et / ou apprentis du pays d’en dessous. Au contraire, l’influence raisonnée des productions étatsuniennes confinent, loin d’un 7e Art hexagonal – en français dans le texte lui aussi – qui a du mal à manier le langage (visuel et verbal) approprié, à la composition d’un parfait équilibre de la terreur. Démonstration avec deux fleurons brûlants du cinéma d’horreur québécois adaptés des romans de Patrick Senécal, considéré (à tort, car il est plus brutal et psychologique) comme le Stephen King de sa contrée : 5150 Rue des Ormes et Les Sept Jours du talion, simultanément disponibles en DVD le 21 septembre prochain.